Sculpteur
Emmanuel Fremiet
1824 - 1910
Époque
1853 pour le chef-modèle
Provenance
France
École
École française de Sculpture animalière
Dimensions
Hauteur : 14,5 cm
Longueur : 16,5 cm
Profondeur = 14 cm
Signature
Sur le côté gauche de la terrasse :
E. FREMIET
Porte le numéro 573
A l’arrière de la terrasse.
Fonte barbedienne. Signature à l’arrière de la terrasse.
Matériau
Bronze à patine médaillée reposant sur une terrasse ovoïde.
Composé de 4 pièces, le bronze est incomplet : il manque la chaînette réunissant les deux colliers)
Un sculpteur animalier de génie ... mais pas que...
Si Emmanuel Fremiet n'est plus connu aujourd'hui que de quelques amateurs éclairés, il a été, en son temps, un sculpteur dont la réputation avait même franchi l'Atlantique.
À 13 ans, le jeune Emmanuel est admis au sein de la prestigieuse École des Arts Décoratifs. Il en sort trois ans plus tard pour intégrer l'atelier de Jean-Jacques WERNER (1798-1856), peintre officiel du Muséum d'Histoire Naturelle du Jardin des Plantes. Or il se trouvait que le jeune garçon avait une tante, Sophie, dont la carrière de peintre était fort honorable. En réalité, il s'agissait d'une cousine de son père, Auguste-Théophile FREMIET. Sophie FREMIET avait épousé François RUDE, dijonnais comme elle. Or François RUDE était dans ces années 1837-40 au sommet de sa gloire artistique. Sur les conseils de son épouse Sophie, qui a détecté chez son jeune neveu un talent certain, il ouvre au garçon les portes de son atelier de la rue d'Enfer. Rapidement, François RUDE est convaincu de ses dons, d'autant que tous les soirs, à peine, sorti de chez WERNER, Emmanuel se précipite dans l'atelier Rude où il travaille avec acharnement. Sa persévérance est récompensée lorsqu'en 1843, il est officiellement admis parmi les élèves du grand François RUDE. Au Salon de 1849, il obtient la toute première de ses récompense, une troisième médaille, grâce à son Matador et sa Famille de Chats. Une carrière prolifique débute...
Il sculpte avec gourmandise des petits bronzes animaliers pleins de charme, de fraîcheur et d'humour qui emportent bien vite les suffrages des amateurs. Le charme qui se dégage de ses sculptures, leur expressivité, la qualité de son travail, la finesse de son exécution, son sens de l'observation et du détail poussés à l'extrême lui valent un vif succès auprès du public et une notoriété durable, que la suite de sa carrière entretient.
Lorsqu'il se lance dans la statuaire monumentale -la statue équestre de Napoléon 1er, la statue équestre de Jeanne d'Arc, la statue monumentale de Saint Michel terrassant le dragon (destinée au clocher de l'église du Mont-Saint- Michel), il ne perd aucune de ses qualités artistiques. 1875 est l'année où il obtient le poste de professeur de dessin au Muséum d'Histoire Naturelle, à la suite de l'illustrissime grand sculpteur animalier, Antoine-Louis BARYE. Outre les honneurs de la Légion d'Honneur et de diverses autres médailles, il est accueilli à l'Académie des Beaux-Arts en 1892, dont il devient même le président quelques années plus tard.
Après que ses premiers succès lui aient apporté une belle aisance financier, Emmanuel FREMIET, comme il l'avouait lui-même, "fut suffoqué par tant d'argent". "Je me crus millionnaire et me livrai à des prodigalités folles (...). Trois mois après, il ne me restait plus un sou. Je me remis avec d'autant plus de fièvre au travail que c'était mon seul moyen d'existence (...)." C'est ainsi que reprenant un précédent groupe de chiens bassets qu'il avait présenté au Salon de 1848, Ravaude et Mascareau, chiens de l'équipage de M. de V., il sculpte ses Ravageot et Ravageode pour répondre à une commande salvatrice de l'État.
Emmanuel FREMIET a donné à son petit groupe une structure pyramidale qui aurait pu paraître un tantinet massive s'il n'avait introduit un léger déséquilibre dû au mouvement contraire des deux bassets. Certes les deux chiens sont assis sur leur arrière-train, tandis que leurs queues dans un mouvement contraire englobent l'arrière de la terrasse. Toutefois, Ravageot dresse sa tête , semblant attendre le moindre signe pour partir en vadrouille. Ravageode, elle, s'incline bas pour observer la drôle de petite chose qui se déplace à ses pattes, un escargot. Par la suite, le sculpteur, s'amusa à introduire dans ses sculptures cette touche d'humour qui le caractérise, comme un petit clin d'oeil naturaliste décalé que l'on peut observer chez son Courlis et Grenouille, son Chien griffon à la tortue, son singe à l'escargot ou encore sa Griffonne à la mouche...