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Époque
1874 pour la première sculpture en plâtre
1875 pour la première édition en bronze (110cm)
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : 26 cm
Longueur : 25 cm
Profondeur : 13 cm
Signature : Sur l’arrière de la terrasse : Tony Noël
Matériau
Épreuve en bronze à patine brune reposant sur un socle ovale.
Composé de plusieurs pièces, le bronze est complet.
GTGBTNOELRET
Edme-Anthony-Paul Noël, dit Tony Noël est un sculpteur prolifique (il a sculpté pas moins de 74 statues) au style varié. Il réalise avec autant de bonheur des bustes, des bas-reliefs, des sculptures monumentales, des figures allégoriques, ou mythologiques, des sculptures orientalistes…
Cette sculpture est l’une des éditions de l’œuvre qui, présentée en plâtre (n°3074), remporte, au Salon de 1874, la médaille de première classe.
Comme l’écrivait avec justesse Henry Jouin (1841-1913), un historien de l'art spécialisé dans la sculpture, " le plâtre sert au sculpteur, mais il est comme l’argile, une matière de transition. Toute figure en plâtre suppose un modèle qui l’a précédée, une œuvre qui la suivra. Le plâtre est utile." Il n’est donc pas étonnant que Tony Noël la représente au Salon de 1875 (n°3306), en bronze cette fois, fondue par Matifat, et haute de 110 cm.
La Ville de Paris en fait alors l’acquisition et la place dans le Square du Temple en 1877.
Malheureusement, la Seconde Guerre Mondiale lui sera fatale : elle est fondue comme de nombreuses autres statues parisiennes en 1942, par le Régime de Vichy. "Car le bronze, comme l’écrit encore presque prophétiquement, Henry Jouin, le bronze est périssable. Le temps est son ennemi. Et si le temps le respecte, l’homme le mutilera" et il cite le poète :
Que si le hasard les abat
S’il les détrône de leur sphère,
Du bronze auguste on ne peut faire
Que de cloches pour la prière
Ou des canons pour le combat.
Fortement penché en avant, les bras portés de gauche à droite, prêts à lancer le filet, la tête tourné vers son adversaire, le regard fixé sur lui, le Rétiaire, puissamment musclé, toute sa force concentrée, est prêt à l’action.
Coiffé d’un bandeau, il n’a ni revêtu la tunique ordinaire des rétiaires, ni le subligaculum (sorte de caleçon court). Il porte simplement une ceinture de cuir.
Il n’a non plus revêtu à l’épaule gauche le galerus, souple bouclier d’épaule. Pour mieux manier le filet, il s'est débarrassé de sa manica, sensée protéger son avant-bras gauche des coups d’épée de son adversaire.
Pieds nus, il est au contact du sable de l’arène. Il ne porte pas non plus son pugio, ce petit poignard que le rétiaire ne dégaine qu’au combat final. Toutefois, très souvent, les rétiaires ne s’en encombrent pas.
La force brute dans toute son expression et sa puissance.
La passion des Romains pour les ludi gladiatorum, les combats de gladiateurs, nous a été rapportée par maints poètes, historiens et autres philosophes de l’Antiquité.
Il semblerait que le premier ludus gladiatorum ait eu lieu à Rome en l’an 490 avant Jésus-Christ.
Les Romains croyaient que verser le sang humain permettait à l’âme du défunt de s’apaiser, et de gagner sans encombre l’au-delà. C’étaient principalement des prisonniers ou des esclaves qui étaient immolés. Peu à peu, le duel remplace le sacrifice et les jeux s’installent.
Sous le règne de l’empereur Néron (37-68), une violence sanglante et meurtrière marque chaque jeu.
Sous le règne de Titus Sennius Solemnis, au 3ème siècle, pour 32 affrontements, 8 combats à morts étaient accordés au public.
Constantin devenu chrétien, en 325 après Jésus-Christ, condamne les jeux et interdit l’utilisation massive dans l’arène des prisonniers et condamnés. ce n’est qu’en 404 Malgré tout, c'est Honorius qui interdit formellement les combats de gladiateurs.
Le Rétiaire est sans doute le plus connu et le plus fascinant des gladiateurs…
Pourquoi ? Combattant léger, il est opposé au Mirmillon (dont le nom a évolué en Secutor), gladiateur lourd.
À la fois vulnérable par son peu d’équipement, c’est aussi le plus dangereux, car le plus léger, le plus réactif, le plus mobile. Il peut courir dans tous les sens sans se fatiguer, et épuiser son adversaire lourdement harnaché.
Le rétiaire est seulement armé d’un filet, le retia, et d’un trident, la fuscina. Il ne porte, pour toutes protections, qu’un léger bouclier d’épaule, le galerus (parfois métallique, parfois en cuir), et un protège-bras en cuir, la manica.
Le galerus n’est pas des plus pratique. Il remonte haut sur la nuque du rétiaire, mais néanmoins lui offre une protection très efficace. Le rétiaire, s’il ne veut s’y cogner la tête à chaque mouvement, doit véritablement apprendre à bouger avec et « apprivoiser » son bouclier.
À sa ceinture, le rétiaire porte un petit poignard, le pugio, qu’il n’utilise jamais lors du combat, seulement lors de l’assaut final.
Le Rétiaire est le seul gladiateur à ne pas porter de casque, le seul dont on pouvait voir le visage. Le Secutor, lui, est équipé d’un large bouclier rectangulaire, pesant au minimum cinq kilogrammes, et d’un casque (pesant lui aussi cinq kilogrammes), tellement hermétique qu’il gênait l’oxygénation du gladiateur qui n’avait que quelques minutes pour expédier son combat.
Saint Isidore nous éclaire sur la symbolique du combat, expliquant qu’il s’agit de l’affrontement de l’eau et du feu, de Neptune (le Rétiaire), contre Vulcain (le feu).
Le rétiaire tient son filet dans la main droite. Il sert à gêner un maximum son adversaire. Il peut le faire claquer au sol, en fouettant les jambes de son adversaire, voire le déséquilibrer. Il peut le lancer dans un geste qui le déploie, à la tête de son adversaire, ce qui aveugle et emprisonne l’adversaire. Cette figure nécessite une extrême habileté.
Le trident est la plus redoutable des armes des gladiateurs. Long de 2 mètres, les pointes acérées, le Rétiaire le tient à deux mains, une fois qu’il a lancé son filet. Le Rétiaire l’utilise aussi bien côté pointes, que côté manche, pour frapper d’estoc (surtout dans le casque) son adversaire. D’ailleurs, très souvent, le Rétiaire a fait tailler le manche de son trident en pointe, de manière à le rendre encore plus redoutable.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel