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Sculpteur
Théodore Gechter 1796-1844
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : 38 cm
Largeur : 19 cm
Longueur : 35 cm
Poids : 14,9 kg
Signature
À l’arrière gauche de la terrasse.
Signé, daté, titré sur le bord avant de la terrasse.
Matériau
Bronze à patine médaillée. Composé de plusieurs pièces, le bronze est complet.
GTGBCHMARTEL
Né le mardi 15 décembre de l’an 1795, à Paris, Jean François Théodore Gechter est le deuxième enfant d’une fratrie de six. Fils d’un négociant et agent de change d’origine alsacienne, Mathieu Gechter, et de sa première épouse, Marie Salomé Meyer, il reste à Paris lorsque son père, après la mort de sa femme, se remarie en Allemagne en 1815.
Entré dans l’atelier du sculpteur François Joseph Bosio et dans celui du peintre Antoine Jean Gros, Théodore Gechter est l’un des condisciples d’Antoine-Louis Barye à l’Ecole des Beaux-Arts. Il se marie le 17 aout 1824 avec Célestine Gobillard (1800-1874), dont il a deux enfants. La même année, il présente au Salon, pour la première fois, trois œuvres demie nature : un Gladiateur vaincu, un Guerrier s’arrachant une flèche au talon et Pirithoüs terrassant un Centaure. Il expose ensuite régulièrement aux salons, jusqu’en 1840, obtenant, en 1834, une médaille de deuxième classe pour son groupe en plâtre Combat à Aboukir, groupe racontant la bataille navale qui se déroule dans la rade d’Aboukir (non loin d’Alexandrie, Égypte) le 1er août 1798.
En 1833, il se lance, sur les hauteurs du pilier ouest de l’Arc de Triomphe, dans la réalisation d’une tumultueuse Bataille d’Austerlitz, œuvre qui lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d’Honneur le 2 avril 1837. Situé en hauteur, l’exécution de ce bas-relief d’une longueur de 18 mètres pour une hauteur d’environ 3,50 mètres demande au sculpteur quelques prouesses acrobatiques. Pendant trois ans (de 1833 à 1836), qu’il fasse beau ou mauvais, Théodore Gechter monte, dès le matin, sur son échafaudage. Il n’en redescend que lorsque la nuit l’empêche de sculpter. Ces trois années de travaux en extérieur l’épuisent et fragilisent ses poumons d’une maladie qui finit par l’emporter quelques huit années plus tard. D’ailleurs, dès 1840, il cesse de présenter des œuvres aux Salons, se concentrant sur les œuvres en cours, et sur la production de petites sculptures en bronze, dont la délicatesse et la vérité d’exécution en faisaient des œuvres très en vogue.
Le bas-relief de l’Arc de Triomphe concourt à la renommée du sculpteur, que la présentation, au Salon de 1833, du groupe Charles Martel combattant Abdérame avait fait entrer dans la cour des Grands. Une autre commande publique lui permet de produire, pour la fontaine Nord de la Place de la Concorde, en 1839, les statues monumentale du Rhin et du Rhône ; ainsi qu’une statue du roi Louis-Philippe, en Costume de sacre, monumentale elle-aussi, et en marbre. Destinée à la Salle du Conseil d’Etat, au Quai d’Orsay, elle est aujourd’hui conservée au musée du Château de Versailles. Il exécute pour l’église de la Madeleine un monumental Saint Jean Chrysostôme (1840).
S’il expose aux Salons des sujets romantiques, Théodore Gechter, bien que portraitiste remarquable (Louis-Philippe, Jacques d’Albion de Saint-André, Saint Jean Chrysostôme), a une prédilection certaine pour la sculpture animalière, et excelle dans la représentation des combats de cavaliers, impétueux et violents. À partir de 1841, Théodore Gechter apparaît dans l’Annuaire du Commerce comme bronzier et fondeur-statuaire. Fondeur de ses propres œuvres, il les revendait ensuite dans des galeries parisiennes et européennes.
Théodore Gechter meurt à Paris le mercredi 11 décembre 1844, âgé seulement de 48 ans.
Présentée au Salon de 1833, en plâtre, cette magnifique œuvre de Théodore Gechter est immédiatement commandée par le Ministère du Commerce et de l’Industrie, mais en bronze. Fondue par l’atelier Honoré Gonon & fils, elle peut se voir, depuis 1991, dans la salle 946 de l’aile Sully du Musée du Louvre.
Presented at the Salon of 1833, in plaster, this magnificent work by Théodore Gechter was immediately commissioned by the Ministry of Commerce and Industry, but in bronze. Founded by the workshop Honoré Gonon & fils, it can be seen, since 1991, in room 946 of the Sully wing of the Louvre Museum.
Dans une mise en scène aussi farouche que soignée, Théodore Gechter raconte l’histoire d’un combat mémorable, sans grand soucis de restituer une vérité historique, s’attachant plus à un imaginaire anachronique. Peu importe que l’armure de Charles Martel soit plutôt de celles qui étaient portées au 16ème siècle qu’au 8ème. Il n’est qu’à laisser son regard sur l’infinité de petits détails qui démontrent tous le grand talent de Théodore Gechter pour se sentir saisi par la férocité et l’émotion que dégagent ce groupe.
Théodore Gechter a produit là une œuvre très originale dans le choix de son sujet, qu’il est quasiment le seul artiste de l’époque à traiter.
In a staging as fierce as it is meticulous, Théodore Gechter tells the story of a memorable fight, without much concern to restore historical truth, becoming more attached to an anachronistic imagination. Never mind that Charles Martel's armor is more of that worn in the 16th century than in the 8th. One need only look at the infinity of small details which all demonstrate the great talent of Theodore Gechter to feel seized by the ferocity and the emotion that emanate from this group.
Théodore Gechter produced a very original work in the choice of its subject, which he is almost the only artist of the time to deal with.
Charles Martel, ce héros oublié de l’Histoire de France, est le fils cadet illégitime de Pépin II de Herstal, maire du Palais (en quelque sorte le premier ministre) d’Austrasie, et de sa concubine Alpaïde. Son statut de bâtard lui valut de connaître les geôles de Plectrude, l’épouse légitime (répudiée, Pépin II de Herstal l’avait reprise à ses côtés sur sa vieillesse). Il lui fallut six ans pour en sortir, prendre le pouvoir et ainsi succéder à son père. Les armes à la main, toujours à la tête de ses troupes, il unifié l'état mérovingien et repousse les attaques extérieures (Frisons, Saxons, Alamans, Thuringiens, Bavarois). Sa retentissante victoire contre les Arabes, à Poitiers (en 732) fait de lui le suzerain de l'Aquitaine et de la Provence. Son fils Pépin le Bref fonde la dynastie des Carolingiens.
Charles Martel, this forgotten hero of the history of France, is the illegitimate younger son of Pépin II de Herstal, mayor of the Palace (in a way the prime minister) of Austrasia, and his Alpaïde concubine. His status as a bastard brought him to know the jails of Plectrude, the legitimate wife (repudiated, Pepin II of Herstal had resumed her by his side in his old age). It took him six years to get out, take power and thus succeed his father. Arms in hand, still at the head of his troops, he unified the Merovingian state and repelled external attacks (Frisians, Saxons, Alamans, Thuringians, Bavarians). His resounding victory against the Arabs in Poitiers (in 732) made him the suzerain of Aquitaine and Provence. His son Pépin le Bref founded the Carolingian dynasty.
Depuis 711, les Berbères musulmans occupent la péninsule Ibérique, et avancent lentement vers le Nord, au-delà des Pyrénées, si bien 725, ils ont conquis la Septimanie, une grande partie de la Bourgogne et s’apprêtent à pénétrer au cœur de la Neustrie. Le duc Eudes d'Aquitaine, les arrêta une première fois à Toulouse, le 9 juin 721. Fort de sa victoire, Eudes d'Aquitaine, pour prévenir le retour des Omeyyades d’Espagne, s'allie à Munuza, gouverneur berbère de Narbonne hostile au Wali d’Al-Andalus, le général omeyyade Abd el-Rahman ibn Abdallah Al-Ghafiki (l’Abdérame de Gechter), à qui il donne même sa fille, Lampégie, en mariage. Apprenant cette alliance, Abd el-Rahman lance une offensive contre Munuza qu’il tue avant de s’emparer de la Cerdagne. Otage exceptionnelle, Abd el-Rahman offre Lampégie au calife Hicham de Damas.
Since 711, the Muslim Berbers have occupied the Iberian Peninsula, and are advancing slowly north, beyond the Pyrenees, so well 725, they have conquered Septimania, a large part of Burgundy and are preparing to enter the heart of the Neustria. The Duke Eudes of Aquitaine, arrested them for the first time in Toulouse, on June 9, 721. Strengthened by his victory, Eudes of Aquitaine, to prevent the return of the Umayyads from Spain, allied with Munuza, Berber governor of Narbonne hostile to the Wali of Al-Andalus, the Umayyad general Abd el-Rahman ibn Abdallah Al-Ghafiki (the Abderam of Gechter), to whom he even gives his daughter, Lampégie, in marriage. Learning of this alliance, Abd el-Rahman launched an offensive against Munuza, whom he killed before seizing Cerdanya. Exceptional hostage, Abd el-Rahman offers Lampégie to Caliph Hicham of Damascus.
Dans une fulgurante offensive, Abd el-Rahman traverse les Pyrénées occidentales et prend à revers Eudes d’Aquitaine, à qui il inflige une sévère défaite avant de continuer sa remontée. Son but, entre autres, et de piller le sanctuaire de Saint-Martin de Tours. Son passage sème la dévastation. Villes, villages, abbayes sont pillés, les populations capturées ou égorgées. Le duc d’Aquitaine est débordé sur tous les fronts, et fait appel à Charles Martel qui campe à une trentaine de kilomètres de Poitiers, du côté de Châtellerault.
Le 19 octobre 732, les armées de Charles Martel et de Eudes d’Aquitaine, réunies, font face aux troupes d’Abd el-Rahman. Pendant six jours, Francs et Sarrazins s’observent multipliant les escarmouches. Charles Martel ne fait rien pour empêcher les pillages aux alentours, ce qui a pour effet de rendre les Sarrazins, encombrés par un butin qui ne cesse de s’accroître, bien moins mobiles.
In a dazzling offensive, Abd el-Rahman crossed the western Pyrenees and took back Eudes of Aquitaine, to whom he inflicted a severe defeat before continuing his ascent. Its goal, among others, is to plunder the sanctuary of Saint-Martin de Tours. His passage sows devastation. Towns, villages, abbeys are looted, populations captured or slaughtered. The Duke of Aquitaine was overwhelmed on all fronts, and called on Charles Martel, who was camping about thirty kilometers from Poitiers, near Châtellerault.
On October 19, 732, the armies of Charles Martel and Eudes of Aquitaine, united, faced the troops of Abd el-Rahman. For six days, Franks and Saracens observed each other increasing skirmishes. Charles Martel does nothing to prevent looting in the surrounding area, which has the effect of making the Saracens, encumbered with ever-increasing loot, much less mobile.
La bataille s'engage le 25 octobre, au petit matin, et ne s’achève qu’à la tombée du jour. Sur le terrain, les chroniqueurs rapportent que l’on ne dénombra pas loin de 400 000 morts sarrazins, dont leur chef, Abd el-Rahman. Les pertes côtés francs, sans être aussi importantes, sont néanmoins conséquentes. Le lendemain matin, alors que les Francs se préparent à attaquer de nouveau, ils s’aperçoivent que les Sarrazins, abandonnant là morts, prisonniers et butin, se sont enfuis dans la nuit, sans doute perdus de se retrouver sans chef.
Eudes d’Aquitaine prête serment de fidélité à Charles Martel tandis que les échos de cette victoire retentissent dans la Chrétienté d’autant plus fort qu’en 737, Charles Martel reprend Avignon aux Sarrazins. Les années suivantes, il libère la Vallée du Rhône et la Provence, même si la Septimanie reste maure jusqu’en 759.
The battle began on October 25, in the early hours of the morning, and did not end until nightfall. On the ground, chroniclers report that there were not far from 400,000 dead Saracens, including their leader, Abd el-Rahman. The losses on the free side, without being as important, are nevertheless substantial. The next morning, as the Franks prepare to attack again, they realize that the Saracens, abandoning the dead, prisoners and booty there, have fled into the night, no doubt lost to find themselves without a leader.
Eudes of Aquitaine took an oath of fidelity to Charles Martel while the echoes of this victory resounded in Christendom even more strongly than in 737, Charles Martel took Avignon back from the Saracens. In the following years, he liberated the Rhône Valley and Provence, although Septimanie remained Moorish until 759.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel