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Artiste
Alexandre Auguste Caron 1857 - 1932
École
École de sculpture française
Époque
Après 1916
Provenance
France
Dimensions
Hauteur : env. 12 cm
Poids : 370 grammes
Signature
signé sous l’épaule droite
Matériau
Épreuve en bronze à patine dorée.
Reposant sur une base hexagonale faisant office de sceau (non gravé), le bronze est composé d'une seule pièce.
GTGBANGECARON
Alexandre Auguste Caron
De ce parisien né en 1857 et mort en 1932, on ne sait pas grand chose. Il apprend la sculpture auprès du Carcassonnais Théophile Barrau (1848-1913), lui-même élève du très célèbre Alexandre Falguière (1831-1900). Avec finesse, raffinement, Alexandre Auguste Caron sculpte de petites figurines toujours espiègles, ciselant aussi bien le marbre, le bronze que l’ivoire. Très attiré par la joaillerie, il dore la grande majorité de ses œuvres de feuilles.
L’Ange au Sourire
Alexandre Auguste Caron aime à sculpter de délicats sujets, souriants, un tantinet espiègles. L’Ange au Sourire de la Cathédrale de Reims ne pouvait que l’inspirer !
Il s’attache ici principalement au sourire de l’ange, faisant fi de son attribut principal, ses ailes. Il cisèle avec douceur, comme son lointain compagnon, les traits juvéniles, la coiffure toute en bouclettes retenues par un lien et ce fameux, si fameux sourire toute à la fois joyeux, bienveillant et légèrement énigmatique, comme pénétré d’un secret que seuls les anges connaissent
En 1211, débutent les travaux de la « nouvelle » cathédrale Notre-Dame de Reims. Ils ne s’achèvent que trois siècles plus tard. Et encore la cathédrale reste-t-elle partiellement inachevée, puisque les flèches devant initialement surmonter les tours ne sont pas érigées.
Le portail nord (celui de gauche) de la façade occidentale est orné de 2 303 sculptures réalisées entre 1236 et 1245.
Taillé dans un seul bloc de pierre, avec grâce et délicatesse, par l’un des maîtres imagiers de cet immense chantier, l’Ange au Sourire, se dresse sur le flanc gauche de ce portail nord. Ses ailes déployés, vêtu d’une cape fermée par une fibule en losange et d’une sobre tunique longue ceinte à la taille et qui offre au regard un bouillonnement de plis tubulaires verticaux démontrant toute l’habileté du maître sculpteur qui l’a réalisé, il a le visage légèrement incliné, tourné au-delà de saint Nicaise qui est à ses côtés, vers un autre ange souriant.
En Occident, et plus particulièrement dans l’Art Chrétien, le sourire disparait dès le 5ème siècle. Les 12ème et 13ème siècle les font renaître dans la statuaire des cathédrales. Le sourire est désormais le symbole de la réconciliation entre l’homme et Dieu, qui s’incarna pour le rachat de l’humanité souffrante.
La statuaire, réalisée au 13ème siècle foisonne dans un style unique qui fait parler de l’ « atelier de Reims». La souplesse des drapés, le rendu des tissus, l’expression des visages, les attitudes si réalistes, le mouvement jamais figé des statues, le détail porté à sa perfection sont l’œuvre de quelques maîtres tailleurs au sommet de leur art. Cependant, au côté de cet atelier, se distinguent d’autres ateliers, correspondants chacun à des périodes différentes.
5 octobre 816, Louis le Pieux, le fils de Charlemagne, est sacré roi de France en la cathédrale de Reims. C’était le premier des 25 rois de France à y être sacré.
Mais c’est Henri 1er, sacré en 1027, deux siècles plus tard, qui institue officiellement la cathédrale de Reims comme cathédrale des Sacres jusqu’à Charles X, sacré en 1825, dernier roi de France (1824-1830).
3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4 septembre, Reims, capitale des Sacres, essuie le premier d'une longue, longue série de bomabardement. Sans relâche elle est pilonnée par les tirs d’artillerie allemande. Le 19 septembre peu avant qu’à 15 heures, un énième bombardement se déchaine (en quatre ans, la cité rémoise reçut pas moins de 288 obus allemands qui détruisent 85 % de la ville...)
Ce 19 septembre 1914 donc, le Portail nord la cathédrale est en plein travaux de restauration. Enfin, les travaux sont abandonnés, tous les ouvriers ayant été mobilisés. L’échafaudage en bois qui court le long de la façade occidentale n’a pas été démonté. À la première bombe qui explose, il prend feu. L’incendie ravage la façade. Les poutres s’effondrent les unes après les autres. L’une d’elle, dans sa chute, décapite l’Ange au sourire et saint Nicaise à ses côtés. Sa tête de l’ange s’écrase au sol, quelques quatre mètres plus bas, en une vingtaine de morceaux…
Dès le lendemain, dans les ruines encore fumantes, un prêtre, maître de la chapelle de Notre-Dame, l’abbé Rémi Thinot (que beaucoup à tort prénomment Jules), dans sa volonté de sauver un maximum de ce qui peut encore l'être ramasse les débris de la tête de l’ange, et les met soigneusement en sécurité dans les caves de l’évêché.
Alors que l’abbé Thinot trouve la mort sur le front où il s’était engagé comme aumônier volontaire, le 30 novembre 1915, les fragments de la tête de l’ange sont découverts par l’architecte Max Sainsaulieu. La destruction de la cathédrale de Reims, et les bombardements réguliers que subit la cité des Sacres bouleverse la population française, et le sourire de l’ange martyr devient le symbole de l’art et du raffinement français détruit par la barbarie prussienne.
L’Ange au Sourire retrouve sa tête le 13 février 1926 grâce à un moulage réalisé à partir des fragments d’origine. En 2010, il subit une seconde restauration qui lui rend intact son fin sourire un tantinet énigmatique que le temps avait égratigné.
Toi, l’Ange au Sourire le messager de Dieu,
Les tailleurs de pierre ont su si bien exprimer sur ton visage
Le sourire de Dieu,
Pour dire à tous ceux qui te contemplent
Combien Dieu les aime,
Combien il leur est proche !
Toi, l’Ange au Sourire,
Tu as bravé toutes les destructions
Pour devenir au milieu de nous
Le signe de l’espérance joyeuse et tenace :
La réconciliation entre les peuples !
Jean-Marie Guerlin,
Curé-archiprêtre de la cathédrale de Reims (1996-2003)
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel