En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales En savoir plus
Aucun produit
Sculpteur
Édouard Drouot 1859 - 1945
Époque
circa
École
École française de Sculpture
Dimensions
Hauteur : env. 40cm
Largeur : env. 30 cm
Terrasse : 11X11 cm
Poids : 5050gr.
Signature
Signé sur le motif du côté droit
Cartel d'attribution
Cachet de garanti du titre du bronze
Matériau
Épreuve en bronze à patine dorée
GTGBANCIENDROUOT
Qui d’entre nous ne connait pas le 9 de la rue Drouot, à Paris ?! Cette rue homonyme, mais vous le savez fort bien, ne doit rien à notre sculpteur Édouard Drouot mais tout au général de division d’artillerie Antoine Drouot ! Ce personnage vous est très certainement moins familier que son nom... Créée par arrêté royal du 18 octobre 1704, cette artère s’appelait alors rue Neuve-Grange-Batelière, du nom d’une ferme qui se trouvait là. Antoine Drouot, héros de la Grande Armée, fidèle des fidèles de Napoléon 1er, surnommé par lui « le Sage de la Grande Armée » s'était éteint, au terme d'une vie bien remplie, le 24 mars 1847. Pour honorer ce héros de la patrie, la municipalité rebaptisa cette partie de rue de son illustre nom. En 1852, la rue acquit une nouvelle gloire, celle d’abriter la Compagnie des Commissaires-Priseurs, désormais installé dans l’ancien Hôtel Pinon de Quincy. Au numéro 9 de la rue Drouot les ventes prestigieuses se succèdent, faisant grandir sa prépuation. En 1852 les biens du roi Louis-Philippe y avaient été vendus. En février 1864, la dispersion de l’atelier d’Eugène Delacroix attira de nombreux amateurs d’art tandis qu'à la vaccation autour de de l’atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres, en avril 1867, se pressait un public considérable. La succession de Gustave Courbet en deux ventes fleuves (1881 et juin 1882) puis celles d’Édouard Manet (1884), des frères Goncourt (1897), de l’atelier d’Edgar Degas (1918) ou la disêrsion des bijoux du tsar dernier tsar de toutes les Russies Alexandre II (en 1931) lui donnent un rayonnement international qui ne cessa de se démentir…
Mais laissons la maison Drouot à Paris, et intéressons nous à notre Haut-Marnais Édouard Drouot.
Auguste Édouard naquit un 3 avril 1859 – dans l'industrieuse commune de Sommevoire, 1200 habitants, canton de Moutier-en-Der, dans le département de la Haute-Marne. Terre de métallurgie depuis l'Antiquité, des forges s'y étaient implantées. Avec l'industrialisation rapide du 19ème siècle, celles-ci se sont multipliées, et nombre de commune du département connurent une période faste liée au travail de la forge. À Sommevoire la majorité des emplois tournaient autour de la fonderie. Son histoire est étroitement liée à celle d’Édouard Drouot et de sa famille.
Dans les années 1825, Nicolas DROUOT et son épouse, Jeanne DAÏ s'installaient au Val d'Osne pour y être employés comme manœuvriers par la Fonderie du Val d’Osne, située non loin du bourg d’Osne le Val. Leurs fils Jean-Baptiste, Adolphe et Jules s’y formèrent et devinrent d’excellents mouleurs. En 1853 le jeune Adolphe épousait Louise GUILLEMIN. Silas GUILLEMIN son père, ainsi que son frère, Théophile, étaient tout deux mouleurs en fonte au Val d’Osne. Univers âpre et infernal que celui de la fonte, mais au combien exaltant quand un crocodile géant, une monumentale sculpture, un cheval indomptable sortaient des moules !
En 1857, un ingénieur parisien des Arts et Métiers et Centralien, Antoine DURENNE, louait le site de la fonderie du Moulin Neuf, non loin du Val d’Osne, au cœur du bourg de Sommevoire. Donnant une impulsion nouvelle à la fonderie d’Art, Antoine Durenne attira à lui de nombreux ouvriers qualifiés, dont Alphonse DROUOT qui installa sa femme Louise et leurs deux filles, Anna et Zoé (qui plus tard épousa Henri MAIZELIN, fils de mouleur qui fera sa carrière de mouleur chez Durenne), à Sommevoire. En 1859, l’année même de la naissance d’Édouard, grâce à la dot de sa femme, Marie SERVANT, Antoine DURENNE rachetait la fonderie et la dotait d'un second haut-fourneau. L’excellence et la qualité de ses produits, la variété colossale de ses catalogues lui ouvrirent l’Europe et l’Amérique du Nord.
Ni Alphonse, le mouleur en sable, ni Louise la lingère n’avaient été instruits, leurs huit enfants eux, surent lire et écrire. Après avoir usé ses culottes courtes sur les bancs de l’école communale, tout naturellement, Édouard, rejoignit son père, ses grands-pères, ses oncles, ses cousins paternels aussi bien que maternels à la fonderie Durenne où il appris le métier de mouleur.
Un jour de l’automne 1877 alors que le sculpteur parisien Pierre Louis ROUILLARD* venu de la capitale, inspectait l’avancée du moulage de son Cheval à la Herse**, il fut interpellé par un jeune mouleur de 19 ans, qui, un peu bredouillant, se posait des questions à propos d'une petite anomalie au niveau d’un des antérieurs du cheval. Le sculpteur de 58 ans ébahi, reconnaissant son erreur, acceptait la proposition du jeune mouleur de remodeler l'antérieur sur son temps de déjeuner. Aussitôt dit, aussitôt fait !
Vous l’aurez bien compris, le jeune mouleur s’appelait Édouard Drouot. Et son talent révélé lui valut une inscription (sur la recommandation de Pierre ROUILLARD) à l’École des Arts Décoratifs (la « Petite École", par opposition à la "grande", celle des Beaux-Arts) où ce dernier enseignait la sculpture et l’anatomie. Pierre ROUILLARD le confiait à son ami Aimé MILLET***. Trois ans plus tard, le jeune Sommevigérien était admis aux Beaux Arts où il évolua dans les ateliers de Mathurin MOREAU****, Émile THOMAS***** et Auguste DUMONT******. En 1883, il présentait sa première oeuvre au Salon des Artistes Français. Il y exposa régulièrement, et obtenait une Mention Honorable en 1889, une médaille de Troisième classe en 1892 et une nouvelle Mention Honorable en 1900, date à laquelle il fut admis comme comme Sociétaire des Artistes Français.
Il présenta aussi quelques-unes de ses oeuvres aux Salons des Beaux-Arts. En 1930, le décès de sa femme Juliette, alors qu’il avait 71 ans, lui brisa net son inspiration et pendant les 15 années qu’il lui survécut, il ne reprit plus jamais un ébauchoir dans ses mains…
Édouard DROUOT, ancien mouleur des Fonderies Durenne était à l’aise avec les sculptures monumentales, mais il ne dédaignait pas non plus les statuettes. Sculpteur prolifique et très ecléctique dans le choix de ses thèmes, Édouard DROUOT sculptait sans doute avec une certaine grandiloquence, mais toujours avec la passion et le coeur. Cet Ancien, soldat des débuts du Premier Empire, porte sur son visage émacié toute la fierté et la souffrance de son engagement, comme un défi à la génération suivante de s’illustrer aussi bien que lui dans le service de la Patrie.
*Pierre Louis ROUILLARD, 1820-1881, sculptait des œuvres animalières monumentales réalisées en pierre, en bronze ou fonte de fer.
** Cette sculpture, 3,50 X 2,23 X 2,20 mètres, pour 2,5 tonnes, se trouve aujourd’hui devant le Musée d’Orsay, achetée par l’État après commande pour l’Exposition Universelle de 1878. En fonte de fer, elle était anciennement dorée.
***Aimé MILLET : parisien, né le 28 septembre 1819 et mort le 14 janvier 1891, il fut un grand ami de Pierre ROUILLARD, et enseigna de nombreuses années à la Petite École.
**** Mathurin MOREAU : Né à dijon le 18 novembre 1822 et mourrut à paris le 14 février 1912. Exposa aux Artistes français tout comme aux Arts Décoratifs. il collabora plus de 20 avec la Fonderie du Val, produisant de nombreux modèles de fontaines, garnitures de cheminées et autres modèles de décoration.
***** Émile THOMAS : statuaire parisien né le 6 février 1817 et mort à Neuilly-sur-seine le 2 janvier 1882.
******Auguste DUMONT : prix de Rome de sculpture, il naquit le 4 août 1801 et mourrut le 28 janvier 1884.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel