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Artiste
Maurice Toussaint
Né à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) le 5 septembre 1882
Mort à Écully (Rhône) le 5 décembre 1974 à l’âge avancé de 92 ans.
Provenance
France
École
École française de peinture
Dimensions
Hauteur : 29 cm
Largeur : 39cm
Cadre
baguette dorée à rang de perles, état impeccable
Technique
Crayon et aquarelle sur papier
Signature
En bas à droite
GTGTTOUSSAINTFANTASIA
Cette très rare aquarelle de Maurice Toussaint nous le montre dans un registre totalement inhabituel, celui de « l’orientalisme ». En effet, ce peintre et illustrateur, né le à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) le 5 septembre 1882, est l’un des plus éminents spécialistes des sujets militaires et de l’uniformologie. Il a peint tellement de tableaux sur le thème de la Grande Armée, de l’Armée du Second Empire et de celle de la Troisième République et a illustré tant d’ouvrages et revues que sa Fantasia offre presque un caractère surnaturel ! Quelle fut son inspiration ? Nul ne le saura, mais on y reconnaît incontestablement la maîtrise avec laquelle il peint les chevaux, la force de l’action et le mouvement qui s’emballe tout en restant contrôlé.
Quel fabuleux moment du folklore marocain que la fantasia ! Quand brusquement, des cavaliers vêtus d’un burnous blanc montés sur de petits barbes nerveux et racés, caparaçonnés de lumière, se lancent au galop dans un fracas de sabots et de poussière enlevée, jusqu’au baroud final où ils déchargent leurs moukhalas en poussant des cris que les youyous des femmes dominent…
Eugène Delacroix ramène, en 1832, de son odyssée marocaine un magnifique tableau représentant, devant les murailles de Meknès, des cavaliers lancés au galop, fusil en joue, qu’il baptise « Fantasia ». Depuis lors, c’est ce terme, qui n’est pourtant pas arabe, qui est employé pour désigner ce qu’en darija (langage dialectal marocain), on appelait tburida (poudre), ou en Berbère asbaari (caracolade de guerriers).
Eugène Delacroix "Fantasia arabe devant Mequinez", 1832, aquarelle, 157X272, Musée du Louvre
La fantasia est une tradition équestre très ancienne au Maghreb, qui repose sur un élément fondamental, le barbe, ce petit cheval rapide et résistant, que l’on voit apparaître 13ème siècle avant Jésus Christ et qui sont employés par les Libyens orientaux pour tirer leurs chars. Quelques millénaires plus tard, les barbes constituent la principale ressource des écuries numides du roi Massinissa (ca 238 – 148 BC) et leur renommée rayonne sur tout le Maghreb.
Bien que répandue dans toute l’Afrique du Nord, c’est au Maroc que cette tradition tribale, rurale et religieuse perdure avec force. Si aujourd’hui, elle peut entretenir un certain folklore touristique, les autorités culturelles marocaines, ces dernières années, organisent des concours de fantasia entre les différentes localités du Royaume afin que se maintienne à son plus haut niveau ce patrimoine exceptionnel.
Mais avant tout, la fantasia réunissait les meilleurs cavaliers des différentes tribus qui se retrouvaient lors des moussems (fête des semailles, fête des moissons, fête autour d’un saint patron…) principalement à travers toutes les plaines atlantiques du Maroc, le plateau central, le Moyen-Atlas sur toute sa bordure nord et ouest, et la Haute-Moulouya. Quelles soient fastueuses ou modestes, la fantasia est l’occasion pour les cavaliers d’exprimer leur bravoure et de faire preuve d’adresse. 10 à 20 cavaliers s’alignent. Il peut arriver, à titre exceptionnel que les cavaliers soient encore plus nombreux : pas moins de 2000 cavaliers ont célébré le quarantième anniversaire du roi Hassan II, le 9 juillet 1969, en une fantasia mémorable. Après la phrase rituelle « Au nom de Dieu et à la Gloire du Prophète », les cavaliers s’élancent au petit trop en direction des tentes caïdales sur une cinquantaine de mètres avant de prendre l’allure de charge tout en se prêtant à des prouesses équestres dans la poussière qui tourbillonne dans leur sillage et le fracas des sabots. Alors que les tentes se rapprochent dangereusement, un commandement retentit et tous, dans un ensemble parfait, pointent leurs moukhala vers le ciel et font parler la poudre en une seule détonation commune, tout en stoppant leur monture lancée à plein galop. Si d’aventure un cavalier tire avant ou après la salve, il doit s’en retourner vers la ligne de départ à pied tenant par la bride son cheval.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel