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Époque : Circa 1864-1880
Ecole : École française de peinture naturaliste
Provenance : France
Dimensions à vue
Hauteur : 33,7 cm
Longueur : 19,6 cm
Dimensions avec cadre
Hauteur : 56 cm
Longueur : 42 cm
Encadrement : Cadre à baguettes encadrantes argentées et moulure centrale noire, et passe-partout beurre frais à biseau argent
Signature : Signé en bas à droite : L Lhermitte
Matériau : Fusain et estompe sur papier glacé
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C’est dans un petit village de l’Aisne, en bord de Marne, non loin de Château-Thierry, Mont-Saint-Père, que naît le 31 juillet 1844 Léon Augustin Lhermitte. Son père y est instituteur. La famille est modeste, mais cultivée, et lorsque le père constate le talent pictural de son fils, il l’encourage. L’attribution d’une bourse permet au jeune Léon de monter à Paris afin d’y intégrer l’Ecole Impériale de Dessin, rivale des Beaux-Arts, mais surtout qui privilégiait les techniques du dessin, et la peinture en plein-air.
Dessinateur dans l’âme, le fusain, et la mine à plomb, sont sa technique privilégiée. Son aisance, la justesse de son trait lui vaudront d’être surnommé le « maître du Blanc et Noir ».
Tandis que s’organisent, tant à Paris qu’à Londres, ses premières expositions notamment grâce au marchand de tableaux parisien Paul Durand-Ruel (1831-1922). En 1864, il avait déjà présenté un fusain au Salon depuis déjà 1864. Jusqu’en 1924, il présente chaque année un ou plusieurs dessins ou toiles. En 1879, son ami Edouard Degas l’invite à exposer avec les Impressionnistes. Léon Lhermitte refuse. Il n’est certes pas académique, mais il n’est pas non plus impressionniste. Et s’il a adopté la palette de couleurs et les jeux de lumières des impressionnistes, il n’en n’a pas pour autant rejeté tout ce que le classicisme a pu lui enseigné.
Peintre réaliste, il puise son inspiration dans son petit village de l’Aisne, et les paysages alentour. Il situe l’action de beaucoup de ses tableaux (dont le très célèbre « La paye des Moissonneurs) dans l’opulente ferme de Ru-Chailly. Il peint tout simplement, avec dans l’œil et le pinceau beaucoup de tendresse pour ses sujets qu’il veut peindre avec la plus infime des précisions, dans un grand souci d’authenticité.
Après s’être essayé au pastel, à l’aquarelle, il présente sa première huile sur toile au Salon des Artistes français en 1866. Mais c’est après le succès phénoménal qu’il rencontre avec sa toile « La paye des Moissonneurs », qu’il se lance sans plus d’appréhension dans l’exécution de tableaux de grand format. Honneurs et commandes officielles se succèdent désormais. Reconnu de ses pairs, récompensé pour son art, apprécié du public, Léon Lhermitte est une figure artistique de la Troisième République. En 1924, quelques mois avant sa mort, une rétrospective de ses œuvres se tient au Salon de la Nationales des Beaux-Arts qui présente avec un immense succès populaire 73 de ses peintures et pastels, et une dizaine de ses dessins. Et pourtant, dans les années qui suivent sa mort (juillet 1925), il sombre dans un oubli aussi complet qu’immérité.
Témoin attentif et sensible de la vie quotidienne agricole, a-t-il été laminé par la Révolution Industrielle, dont l’évolution irrésistible, les innovations constantes tant techniques que sociales ont relégué aux oubliettes un monde paysan au demeurant pas si figé que cela ?
Peintre du fusain, « maître du Black et White », ainsi que s’intitulaient les expositions londoniennes où il produisait ses toiles, Léon Lhermitte sait jouer à la perfection de l’ombre et de la lumière.
Sur un petit chemin qui serpente dans la futaie, deux petites silhouettes se dirigent d’un pas alerte vers … un village, une ferme ? Une trouée de lumière éclaire le chemin entre les deux silhouettes qui illumine toute la composition. Comme une idée lui passant par la tête, Léon Lhermitte a saisi l’instant, restituant une seconde infinie de la vie rurale.
Léon Lhermitte débute sa carrière en pleine effervescence politique mais aussi artistique. Mais terrien dans l’âme, il ne sait pas faire table rase du passé (l’académisme et le classicisme) sans au moins en retenir le meilleur. C’est ainsi qu’il ne glissera pas vers l’impressionnisme, mais deviendra l’un des meilleurs représentants d’une peinture naturaliste profondément sensible, sans aucun parti pris que celui de la plus juste vérité, sans grandiloquence ni militantisme.
Peintre attentif et sincère de la vie paysanne, Léon Lhermitte introduit un regard nouveau sur le monde agricole de cette seconde moitié du 19ème siècle. Si à l’instar de Balzac, les paysans étaient vu, dans la première moitié du 19ème siècle, comme âpres au gain, rugueux et aussi frustres que rustres, la peinture naturaliste bouleverse cette image. A l’image de Jules Bastien-Lepage, mort en 1884 à 36 ans, mais qui a ouvert la voie de ce mouvement, le peintre naturaliste s’attache à restituer des petites gens ordinaires, tels pour Léon Lhermitte, les paysans de la ferme voisine de Ru-Chailly. La vie paysanne peinte dans toute sa force et sa simplicité doit être la seule source d’inspiration. Magnifié, elle doit toujours être restituée dans un grand soucis de vérité. Comme le percevait Jules Bastien-Lepage, « Je me suis mis à faire ce que je voyais, tâchant d’oublier ce qu’on m’avait appris. »
Oubliés les paysans révolutionnaires, brutaux, frustres et incendiaires de 1789. Ils incarnent désormais, aux yeux de la bourgeoisie (celle-là même qui passe commande pour ces peintures naturalistes), une catégorie stable honnête de la Nation, en opposition avec la classe ouvrière qui ne cesse de s’agiter, s’enflammer, revendiquer, réclamer, se révolter, exiger, manifester sa colère. A contrario, les paysans représentent le travail bien fait, harassant certes, mais justement récompensé (quoiqu’on puisse en discuter, mais c’est là une autre débat…). Les peintres s’attachent à mettre en avant le caractère solidaire du monde agricole dans ses tâches les plus ardues, que la présence des femmes et des enfants adoucît d’une touche de tendresse et de douceur.
La paye des Moissonneurs, 1882
Léon Lhermitte
Huile sur toile, dimensions à vue : H 215X272 cm ; avec cadre 2685X335 cm
Acquis en 1882 pour le Musée du Luxembourg (alors dédié aux peintres vivants), cette toile est affectée, depuis 1986 au Musée d’Orsay où l’on peut aujourd’hui l’admirer.
Exposé pour la première fois au Salon de 1882, ce tableau apporte à Léon Lhermitte une célébrité si soudaine et immédiate, qu’il est désormais considéré comme son chef d’œuvre absolu. Léon Lhermitte est consacré « peintre des paysans ».
Les Halles,
Léon Lhermitte, 1895
Huile sur toile, 404X635 cm
Désormais personnalité artistique de renom, suite au succès de sa toile « La paye des Moissonneurs, Léon Lhermitte est choisi, en 1888, pour réaliser la décoration d’un petit salon du nouvel Hôtel de ville de Paris achevé en 1883 (le précédent avait incendié par la Commune en 1871). Il choisit un thème de la vie quotidienne, l’approvisionnement des Halles, au Carreau, ce marché annexe installé en plein air, et spécialisé dans la vente des fruits et légumes. Dans la nuit, cultivateurs, jardiniers et maraîchers livraient leurs produits, qui étaient proposés à la vente dès 4 heures du matin, et jusqu’à 10 heures.
Tout l’univers des Halles se livre au regard dans une composition si vivante, si pleine de petits détails, que l’on s’y croit, réellement. C’est une scène qui bruisse, qui fourmille, qui vit. Le public ne s’y trompe pas, et l’œuvre fait sensation au Salon de 1895, où elle est exposée. A la fin du Salon, elle est installée dans le deuxième salon de passage qui relie le cabinet du Préfe au salon des Lettres. Cette œuvre a tellement fait sensation, qu’elle est exposée à nouveau, en 1900, pour l’Exposition universelle. Le Conseil municipal, le 29 décembre 1904, ayant constaté que le Salon de passage où elle est exposée n’est pas … un lieu de passage ! Aussi est-elle envoyée dans la grande galerie des peintures du Petit Palais qui vient d’être inauguré.
Et puis … et puis … En 1942, la toile est entreposée dans la salle des peintures, rue La Fontaine, puis roulée et conservée dans les nouvelles réserves de la Ville de Paris. Récemment restaurée grâce à un mécénat du Marché international de Rungis, elle est visible de nouveau depuis 2014 au Petit Palais.
Monique LE PELLEY FONTENY, Léon Augustin Lhermitte (1844-1925), Catalogue raisonné, Éditions Cercle d’Art,
Paris, 1991, 536 p.
COLLECTIF, Léon Lhermitte et la Paye des moissonneurs, Les dossiers du musée d’Orsay, Paris, RMN, 1991.
Philippe VIGUIER, La République à la conquête des paysans, les paysans à la conquête du suffrage universel », in Politix,
année 1991, volume 4, numéro 15, pp. 7-12
Gracia Dorel-Ferré, « Léon Lhermitte, une gloire méconnue de l’Aisne (1844-1925), in Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie de l’Aisne – Mémoires, tome43, 1998, Imprimerie Yvert, Amiens, 1998, 224 pages, pp. 131-145
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