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Sculpteur
Jules Moigniez 1835-1894
Provenance
France
École
École française animalière de sculpture
Dimensions
Hauteur : 11 cm
Largeur : 6,7 cm
Longueur : 14,5 cm
Poids : 1,120 kg
Signature
Sur l’arrière droit de la terrasse.
Matériau
Bronze à patine brune. Le bronze est complet.
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Jules Moigniez est né à Senlis le 28 mai 1835 . De sa mère, Julie Cuvinot nous ne savons pas grand chose. Son père, Jean-Baptiste Constant Moigniez, un temps tôlier, se spécialise finalement dans la dorure sur métaux. Élève du jeune sculpteur animalier Paul Colomera (1818-1890, lui-même élève de François Rude), Jules Moigniez présente sa première sculpture, un groupe en plâtre représentant un Chien braque arrêtant un faisan, à l’Exposition Universelle de 1855, et expose ensuite régulièrement jusqu’en deux ans avant sa mort (1894). Dès 1855, il obtient au Salon une mention honorable, la première de nombreuses récompenses. Mais peu intéressé par les fastes et les récompenses, Jules Moigniez mène une vie simple. On retrouva, après son décès, toutes ses médailles dans un coin d’un vieux poulailler qui lui servait de remise !
Sculpteur animalier, Jules Moigniez cisèle de petits bronzes décoratifs qui trouvent leurs places dans nombres d’intérieurs bourgeois. L’heure est à la mode de la chasse, et ses œuvres, des aigrettes, des faisans, des hérons, des coqs et divers autres volatiles ainsi que des chiens, des moutons, des chèvres, des bovins, des chevaux, des gazelless’inscrivent idéalement dans ce cadre-là, et rencontrent un grand succès.
La réussite de son fils, tant en France qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis, motive suffisamment Jean-Baptiste Constant Moigniez qui ouvre à Paris, vers 1850, une fonderie afin d’éditer les œuvres de son fils. Les bronzes de Jules Moigniez acquièrent ainsi une valeur supplémentaire par la qualité de la ciselure et de la patine. En 1860, il reprend les rennes de la fonderie, mais en 1869, il commence à souffrir de terribles maux de tête qui ralentissent son activité au fil des années. Transférée rue Vieille du Temple, la fonderie change de direction, mais n’édite plus de nouveaux modèles de Jules Moigniez. En 1890, sa situation financière devenant très précaire, et la vie à Paris impossible, le sculpteur la vend finalement à Auguste Gouge, qui continue d’éditer ses bronzes jusque dans les années 1920.
Quitter la capitale, il s’installe avec sa mère, dans la grande maison de ses parents, rue des Genêts, à Saint-Martin du Tertre (Oise). La mort de cette dernière, le 21 janvier 1892, laisse le sculpteur dans une grande solitude. Il se donne la mort d’une balle de revolver dans la tête, le 29 mai 1894. Il avait 59 ans.
Ce spécialiste de la sculpture animalière a habilement choisi son sujet. Ce Mérinos de Rambouillet est alors une race développée depuis 1785 dans les étables de la Bergerie Royale, Impériale, Nationale selons les années de Rambouillet. Il a admirablement su capturer ce Mérinos de Rambouillet dans une attitude simple mais non dépourvue d’élégance. Savamment détaillé tout autant que finement ciselé, ce mouton démontre une fois encore le talent de Jules Moigniez.
En 1784, sous l'impulsion des Philosophes des Lumières, Louis XVI créé une ferme expérimentale assortie d'un important domaine de chasse, à Rambouillet. L'amélioration des cultures et des races animales françaises est le au coeur de ce projet. Dès 1785, une race de moutons lainiers venue d'Espagne est implantée. La Révolution glisse sans incidence sur la Ferme expérimentale. Les privilèges de la chasse sont abolis, et les surfaces agricoles sont augmentées. Napoléon 1er maintient l'élan et fait construire une bergerie. La nouvelle race de Mérinos de Rambouillet, issue des moutons espagnols de 1785, y est sans cesse améliorée. Race lainière mais également désormais bouchère, le Mérinos de Rambouillet présente une peau très ample, qui forme au cou des plissements parallèles que les experts nomment "cravates".
Longtemps tenue pour mineure, la sculpture animalière prend au 19ème siècle un essor qui ne sera plus jamais démenti. Jusqu’alors très lié au classicisme, le thème animalier s’affranchit, notamment grâce à Antoine-Louis Barye (1795-1878), de la mythologie qui lui servait de support. Désormais, les artistes choisissent de faire de l’animal le sujet principal de leur œuvre.
En effet, la vulgarisation des Sciences Naturelles attire l’intérêt sur l’animal, qui devient un sujet d’étude et d’inspiration. Lancé par Antoine-Louis Barye, le mouvement des Animaliers trouve en Emmanuel Frémiet (1824-1910) un chantre d’exception. Alliant esprit d’observation et sens du pittoresque, qu’il mâtine d’un grain de fantaisie, il tire une partie de son inspiration des théories révolutionnaires de Charles Darwin, que sa proximité avec le Muséum d’Histoire Naturelle lui permet de suivre.
L’intérêt à la fois du public et des artistes est si grand que s’ouvrent un peu partout en France des jardins zoologiques où les sculpteurs peuvent observer de visu les animaux en captivité, et découvrir les animaux ramenés des expéditions géographiques et scientifiques, ainsi que des pays conquis : rhinocéros, éléphants, panthères, tigres, gazelles, antilopes, gorilles … C’est ainsi qu’à Paris, tout au long du siècle, la Ménagerie du Jardin des Plantes est ouverte le matin, exclusivement aux artistes, l’après-midi étant réservé au public.
Lié au thème animalier, celui de la chasse demeure un sujet de prédilection. Sous le Second Empire, la chasse est un véritable art de vivre, dont on retrouve l’expression jusque dans les demeures urbaines. Des tableaux, objets en bronze, sculptures décorent les cheminées des salles-à-manger et des bibliothèques des intérieurs bourgeois. Viennent s’y joindre des scènes de genre : bébés animaux tétant leur mère, chien attaquant un cervidé, chien ramenant du gibier, bœuf au labour, mère et ses petits …
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel