En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales En savoir plus
Aucun produit
Sculpteur
Henri-Michel Chapu 1833-1891
Époque
circa 1875-1911
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : 35 cm
Ø de la terrasse : 25 cm
Poids : grammes
Signature
Sur la tranche de la terrasse : Chapu
Au dos, sur la tranche de la terrasse : F. Barbedienne, Fondeur. Paris + cachet du fondeur
Matériau
Épreuve en bronze à patine médaille.
Le bronze est complet. Il repose sur une terrasse ronde.
GTGB02CHAPUJDARC
Sculpteur classique mais aussi portraitiste, Henri Chapu est né en septembre 1833 dans un petit village de Seine-et-Marne, Mée-sur-Seine. En 1848, il entre à l’Ecole des Arts décoratifs où il est sensé apprendre quelques notions de dessins avant de pouvoir envisager un apprentissage en tapisserie. Après avoir tâtonné en dessin, en architecture, il entre finalement dans l’atelier du sculpteur James Pradier (né en 1790) puis, en 1852 à la mort de ce dernier, dans l’atelier de Francisque-Joseph Duret (1804-1865). Le soir, il profite des cours du soir du peintre Léon Cogniet (1794-1880), qui lui réserve une amitié paternelle qui ne s’est jamais démentie.
Henri Chapu
En 1853, le bas-relief Le Désespoir d’Alexandre après la mort de Clitus, lui vaut un deuxième prix de Rome. Il en remporte le Premier Prix en 1855, pour le groupe Cléobis et Biton. Pourtant, au moment d’installer le bas-relief pour l’exposition, une corde lâche et lourde pièce de terre glaise s’écrase sur le sol. Le jeune Henri Chapu tente de réparer les dégâts, mais sans trop de succès, et pourtant, malgré tout, le jury est unanime à le déclarer meilleur, à l’exception de celui d’Amédée Donatien Doublemard (1826-1900), que tous les autres.
Très inspiré par l’Antiquité, très habile à sculpter le marbre, Henri Chapu est très sollicité après son retour à Paris, en septembre1861, pour l’ornementation intérieure comme extérieure (cariatides, mascarons, bas-reliefs) de nombreux bâtiments parisiens (Hôtel de Ville, Opéra, Gare du Nord, Sorbonne, Palais de Justice, Comédie Française, Printemps Haussmann, Observatoire de Paris) mais également hôtels particuliers.
En ces années difficiles où la gloire semble si lointaine, Henri Chapu, du haut de ses échafaudages, ne refuse aucune commande, pas plus la plus insignifiante, jugeant que l’art est noble partout où il s’exerce. S’il apporte dans ces travaux tous les soins et la conscience d’un artiste, il ne s’en considère pas moins comme un simple ouvrier d’art et, pour son salaire, s’en remet à la discrétion de ses commanditaires. Certains en abusèrent...
Également portraitiste au talent reconnu, il réalise de nombreux médaillons, bustes destinés aux monuments funéraires.
La reconnaissance arrive peu à peu cependant. Le Salon de 1863 lui décerne la première de ses médailles, celle de troisième classe pour Mercure inventant le caducée, statue qui prend rapidement place au musée des Artistes vivants, au palais du Luxembourg.
Par la suite, Salons et récompenses s’enchaînent. En 1870, quelques mois après l’ouverture du Salon où il présente Jeanne à Domrémy, éclate la guerre avec la Prusse. Ayant passé l’âge du service actif, et exempté d’office du métier des armes par son Premier Prix de Rome, Henri Chapu, voulant néanmoins servir sa Patrie, s’enrôle dans la Garde Nationale. Après la guerre, les commandes affluent tant de l’Etat, que de particuliers.
Membre du jury de l’exposition universelle de 1878, il est, cette même année, chargé par le gouvernement français, de la délicate mission, aidé des peintres Ernest Hébert (1817-1908) et Alexandre Cabanel (1823-1889), d’organiser la venue des artistes français à l’Exposition internationale des Beaux-Arts de Munich, si peu de temps après la fin de la guerre.
Le 23 octobre 1880, suprême honneur, Henri Chapu est élu à l’Académie des Beaux-Arts par 23 voix sur 32 contre Alexandre Falguière (1831-1900) qui sera finalement élu en 1882 au fauteuil n°4, succédant à François Jouffroy (1806-1882). Il prend le fauteuil n°7, succédant à Philippe Joseph Henri Lemaire (1798-1845). C’est Antonin Mercié, un autre sculpteur de Jeanne d’Arc qui lui succèdera en 1891.
Professeur de modelage à l’Ecole des Beaux-Arts, chevalier puis officier de la Légion d’Honneur, Henri Chapu cumule les récompenses et les honneurs de la Troisième République.
De santé fragile, il meurt le 21 avril 1891 d’une congestion pulmonaire contractée lors de la grande épidémie de grippe de l’hiver 1891.
On trouve aujourd’hui ses oeuvres dans les musées d’Orsay, de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, au musée Flaubert de Rouen, au musée Condé de Chantilly, au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux et d’Angers, au musée Bonnat-Helleu de Bayonne, au musée Henri-Chapu de Mée-sur-Seine, sa ville natale, sur la façade des nouveaux magasins du Printemps. Et bien sûr dans de nombreux squares, places, cathédrales …
Jeanne d’Arc, figure vénérée de la Monarchie de Juillet, mythe fondateur de la Troisième République
Lorsque s’ouvre le salon des Artistes Vivants, au printemps 1870, le contexte politique et diplomatique n’est pas au beau fixe. Cependant, en ce frétillant mois de mai, nul ne pense que l’été amènera la guerre, et que six semaines d’un conflit sanglant aboutiront à la défaite de la France, la chute du Second Empire et la perte de l’Alsace-Lorraine.
Au théâtre, à l’opéra, dans les salons (celui de 1890 ne présente pas moins de 11 sculptures de Jeanne d’Arc, un record !), la figure de Jeanne d’Arc attire et fait recette.
Figure incontournable de la politique autant que de l’art, elle est ressortie de l’oubli en 1841 par l’historien Jules Michelet. Dans le livre V, de son Histoire de France, après des années de travail et de recherche, il réhabilite Jeanne d’Arc. La pucelle, qui s’est imposée par son exemplarité, réalise l’unité autour d’elle, étant ainsi à l’origine de l’une des étapes cruciales de la construction de la France.
Toute une littérature historique se développe autour de ce thème, qui est porté à son paroxysme après 1870. Dès lors, héroïne historique et mythe fondateur, elle participe, après la chute du Second Empire, au fort mouvement nationaliste qui s’installe en France. A la fois sainte laïque et sainte catholique, elle est béatifiée en 1909 et finalement canonisée en 1920.
Jeanne d’Arc à Domrémy
C’est dans ce contexte qu’Henri Chapu sculpte sa bergère de Domrémy.
Passionné par la figure héroïque de Jeanne d’Arc, Henri Chapu étudie sa vie passionnante et complexe. Il étude sa vie à travers les monuments déjà réalisés, la littérature Il vibre en lisant les pages que Jules Michelet vient de lui consacrer. L’heure est venue pour lui de se lancer. Il réalise un médaillon colossal. Mais il n’est pas satisfait. Il est dérouté par toutes les facettes qu’offre Jeanne d’Arc : le courage militaire, la Foi, le Patriotisme … Il tâtonne, cherche, réfléchit, croque, ébauche. « La conception (ou la composition) est pour moi le plus difficile de l’œuvre et ne peut se faire qu’avec une connaissance très approfondie du sujet. C’est une suite persistante d’études et d’efforts qui conduisent graduellement à un résumé logique, au meilleur choix parmi toutes les idées et toutes les formes qui se présentent. Une même logique enchaîne la composition à l’exécution jusqu’à la fin. C’est un tout, une synthèse qui ne peut se diviser ni se réduire. »
Finalement, il tombe sur une phrase qui lui apporte la lumière : « Jeanne était belle, forte, simple, d’une piété exaltée et d’une vertu sans tâche ». Il la tient sa Pucelle de Vaucouleurs. Elle est une paysanne, incarnation de la vertu des plus humbles, elle est la « patronne de ces mille héros anonymes qui versent leur sang sur le champ de bataille, de ces obscurs martyrs qui ont fait et feront encore la gloire de la patrie. » Chapu la voulu belle mais sans mièvrerie. Il veut que sur ses traits se retrouvent la douce ardeur mystique qui l’anime
Les jambes repliées sous son corps dans la posture de l’humble bergère de Domrémy qu’elle est encore, les mains jointes en un geste de prière fervente, son regard est noyé dans un monde qui nous échappe, celui de sa future destinée : les combats, la gloire, le martyre.
Aquarelle peinte par Henri Chapu, restituant en couleurs ce que le sculpteur imaginait...
Jeanne d’Arc à Domrémy, aussi souvent appelé Jeanne d’Arc écoutant ses voix, ou La bergère de Domrémy est présentée en plâtre au Salon de 1870. Mais cette année-là, le Salon n’est pas la première préoccupation des Français, angoissés par le drame qui se noue. Bien qu’en mai, l’Empereur est plébiscité, le danger se prépare aux frontières : le 19 juillet, la guerre est déclarée entre la France et la Prusse.
Héroïque patronne de la France, symbole des vertus guerrières, du courage et du patriotisme, la statue de Jeanne d’Arc n’aurait pu tomber mieux …
Mais les soubresauts de l’histoire ignorent l’art.
Henri Chapu la présente au Salon pour la première fois, elle est réalisée en plâtre. Il transcrit le plâtre en marbre en 1872, et la représente à l’occasion au premier Salon de la Troisième République. Présentée hors concours, puisque titulaire du Grand Prix de Rome, la statue ne remporte pas de médaille, mais confirme son immense succès auprès du public, portée par le contexte politique d’alors : l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine à l’Allemagne, après la capitulation de la France face à l’armée prussienne, le 2 septembre 1870.
Devenue dès lors un véritable emblème national, porteur de toutes les vertus et les espérances du peuple français, le sujet est exploité par les peintres mais surtout par les sculpteurs. Les Jeanne d’arc guerrières en armure, à cheval ou démontées fleurissent. Rompant avec cette représentation, Henri Chapu a campé avec finesse et élégance une bergère toute simple, douce, bucolique, mélancolique et méditative.
La statue de marbre de 1872 (de même que celle de plâtre de 1870) mesure 117 cm, présentée au Salon de 1872, elle est aujourd’hui conservée au Musée d’Orsay. Elle a été reproduite en bronze de fonte Barbedienne grandeur nature pour la ville de Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne) grâce au don de monsieur Joseph Chevalier Elle y orne le petit square au pied de la Cathédrale Saint-Etienne, côté rue Popelin. On en trouve une également à Kobenhavn, au Danemark.
La Jeanne d’Arc de Chapu éditée à partir de 1875 par la maison Barbedienne, restera au catalogue jusqu’en 1911, en taille originale et 6 tailles de réductions possibles.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel
Hauteur | 35 cm |
Diamètre du socle | 25 cm |
Signature | Chapu sur la terrasse Signature et cachet du fondeur |
Époque | Circa 1875 - 1911 |
Provenance | France |
Matériau | Bronze à patine médaillée |