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Sculpteur
Lucien Charles Édouard Alliot 1877-1967
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : 30 cm sans le fusil
Hauteur totale : 40 cm
Largeur : 15 cm
Profondeur : 9 cm
Repose sur une base carrée en marbre noir veiné de gris de 10 X 10 cm
Poids : 4,9 kg
Signature
Sur le côté arrière droit de la terrasse
Matériau
Bronze à patine brune. Le bronze est complet.
GTGBPOILU
Fils du sculpteur parisien Napoléon Alliot (1846-1907) Lucien Charles Édouard Alliot naquit lui aussi à Paris, le 17 novembre 1877. Élève de Louis-Ernest Barrias (1841-1905), contemporain de son père, à l’École des Beaux-Arts, il exposa régulièrement aux Salons des Artistes Français où il obtint de nombreuses récompenses, dont une médaille d’or, avant d’être membre du Jury de la section sculpture.
Inspiré par l’Art Nouveau, il produit des allégories et des statues de femmes nues dansant avant de se tourner vers des sculptures plus religieuses qui sont éditées en grand nombre par la Maison Raffl (La Statue Religieuse) pour les boutiques de la Rue Saint-Sulpice.
Plus connu dans un registre plus léger influencé par l’Art Déco, ou à l'opposé plus spirituel, Lucien Alliot nous livre avec son Poilu une œuvre douloureuse qui participe au devoir de mémoire de toute la nation française dans les années 1920.
4 août 1914, 11 novembre 1918, plus de 60 millions de soldats engagés toutes nationalités confondues. 9,7 millions y laissèrent leur vie, 13 millions en revinrent blessés.
La France paya à cette guerre, qui s’était principalement déroulée sur ses terres, un très lourd tribu. 8 millions de soldats mobilisés, 1,7 millions de morts dont 17% n'ont pu être identifiés... 3,5 millions de blessés auxquels il faut ajouter les 300 000 civils tués.
Dès le lendemain de la guerre, la nécessité de garder la mémoire de ces soldats au destin tragique s'est faite sentir de manière très forte. Pour une population de 40 millions d’habitants, le traumatisme est de taille. Ce soldat qui n’est pas revenu de la guerre, c’est un père, un frère, un oncle, un cousin, un ami, un voisin… il ne peut pas être oublié, il ne doit pas être oublié. C’est ainsi qu’à partir de l’été 1920, s’élèvent dans les villages de France, des monuments commémoratifs, à l’initiative d’anciens combattants, des autorités communales mais surtout du Souvenir Français, cette association qui avait été créée en 1887 « alors que la République s’enracine et que la défaite de 1870 reste un souvenir dont on ne parle jamais et dont on se souvient toujours ». Son but ? Veiller. Veiller à l’entretien des tombes, cimetières militaires et monuments, veiller à la transmission du souvenir de ces morts.
Sur les 38 000 communes de France, aux lendemains de 1918, en cinq ans (1920-1925) plus de 30 000 de ces monuments commémoratifs sont érigés, dont plus de 9 000 sont ornés de statues de Poilus, de femmes en deuil ou d'allégories de la Victoire ou de la Patrie.
Si la grande statuaire du Poilu se multipliait, leur réduction n’était pas aussi demandée que ce que l'on aurait pu croire au regard de ce sentiment national du Souvenir, très fort qui se développait dans les années 1920 à 1930. Cependant un certain nombre de sculpteurs se sont laissés à évoquer le souvenir du soldat de la Grande Guerre, comme on l’appelait alors, de ce Poilu, héritier du Grognard d’Austerlitz. Mais attention s'’il a du poil notre soldat, ce n’est pas dans la main ! Cependant, bien vite, ce surnom est usurpé, car si les Poilus de 1914 rentraient la barbe hirsute en permission, justifiant pleinement leur surnom, très vite, le port du masque à gaz ne leur a plus permis, au mieux, qu’une belle moustache à la gauloise…
C’est ainsi que notre Poilu arbore malgré sa belle moustache un visage glabre. Coiffé de son casque Adrian, Il affiche un regard lointain, empreint de fatalité. Symbole du Poilu, le casque Adrian, du nom du sous-intendant militaire Louis Adrian qui en ordonna la diffusion, avait été adopté en février 1915, mais distribué seulement en septembre 1915. Pourquoi un casque ? Les tranchées, ça protège bien le corps, mais qu'est-ce qui en dépasse ? Les têtes ! La multiplication des blessures à la tête reçues par les soldats, dans les tranchées, en a ainsi rendu l’usage indispensable.
Les premiers soldats à partir au front sont équipés d’une capote modèle 1877, mais le Ministère de la Guerre a demandé au célèbre couturier Paul Poiret de dessiner une nouvelle capote. Bleu horizon, cette dernière arbore un col chevalière et un simple boutonnage. Très vite, le froid et l’humidité des tranchées ont raison des capotes Poiret pas assez protectrices : la tuberculose fait des ravages au sein des Poilus et le Gouvernement prend rapidement les mesures nécessaires, même si leur temps d'application n'est pas immédiat. Officielle depuis le 16 août 1915, la nouvelle capote bleu horizon est à double boutonnage, protégeant ainsi mieux le torse des soldats des rigueurs du climat et des conditions de vie très embourbées. Elle n’est distribuée qu’à l’automne 1916, lorsque le stock colossal des capotes Poiret a enfin été écoulé…
Équipé de ses jambières molletonnées (elles mesurent 2,60 m l’une), de ses brodequins de cuir, dont il a une paire de rechange dans son havresac, notre Poilu porte une charge pouvant aller jusqu’à 25 kg. À cela, il faut ajouter les presque 5 kg de son fusil Lebel modèle 86 modifié 93 (La Rosalie comprise, c’est-à-dire la baïonnette modèle 1886). Ne pas oublier le poids du bidon (1 litre), porté à droite pour éviter qu’il ne se cogne avec la baïonnette, celui de la musette portée à gauche qui contient ses vivres du jours et ses petits objets personnels (pipe, boîte à tabac, briquet, papier à lettres, plume et encrier…), et ceux de ses deux cartouchières, de son masque à gaz (qu’ici notre Poilu ne porte pas)… bref la charge est impressionnante ! Mais notre Poilu est vaillant !
Représenté sans galons ni grade, notre Poilu est universel. Il est le souvenir de tous ces hommes qui sont partis au front, défendre leur Patrie, leur terre, leur femme et leurs enfants. Il est le souvenir de tous ces hommes de France mort dans cette guerre absurde mais transcendé par l’amour de sa terre et des siens…
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel