En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales En savoir plus
Aucun produit
Époque
circa 1913
Provenance
France
Dimensions à vue
Hauteur : 49 cm
Longueur : 32 cm
Dimensions avec cadre
Hauteur : 52 cm
Longueur : 35 cm
Encadrement
Baguette en bois vert argenté
Signature
Signé en bas à droite, Le Rallic
Matériau
Lithographie aquarellée
GTGTLERALLICCNCROUP
Illustrateur de bandes dessinées et grand spécialiste de scènes équestres, c’est à Angers, Maine-et-Loire, la ville maternelle, qu’Etienne Le Rallic est né le 23 mai 1891. Son père lui est issu d’une longue lignée de paysans bretons du Morbihan dont il garde la mémoire et s’inspire pour quelques-unes de ses bandes dessinées.
Il commence à dessiner très jeune et bientôt, alors même qu’il n’est pas encore majeur, mais nanti de l’autorisation paternel, il s’installe à Paris. Par un de ces hasards qui déterminent toute une vie, il rencontre dans le train qui l’emmène, le directeur d’un périodique satirique illustré, Fantasio (qui existe depuis 1906). Celui-ci l’engage sur le champ. C’est le début d’une longue carrière dans la bande dessinée mais aussi dans l’illustration de romans, nouvelles et contes.
En 1912, son service militaire l’amène à l’Ecole de Cavalerie de Saumur. Lorsqu’éclate la Première Guerre, il incorpore le 21ème Dragon. Agent de liaison, il est blessé à la cuisse. Après la fin de la guerre, il poursuit quelques temps sa carrière militaire, tout en continuant sa carrière d’illustrateur. En 1933, une terrible chute de cheval (double fracture du crâne et perte d’un œil) l’oblige à une immobilisation d’une année.
Le cheval qu’il sait si admirablement dessiner est au centre de toute son œuvre aussi bien dans les bandes dessinées (Poncho Libertas, la cavalière du Texas, Jojo cowboy, Yan Keradec, etc), des dessins humoristiques, des scènes équestres et même un traité d’hippologie à Saumur, allant aux dessins humoristiques, etc.
La maladie le contraint à interrompre sa carrière et se retirer, dans une petite ville d’Eure-et-Loir, Sorel-Moussel où il s’éteint le 3 novembre 1968, et, dernier petit clin d’œil, c’est sur une carriole tiré par un cheval qu’il gagne sa place au cimetière.
Son trait si particulier, si bien documenté aussi place Etienne Le Rallic parmi les plus grands illustrateurs de son époque.
Pendant du précédent tableau (Ref. GTG201608T010) en ce qu’il représente lui-aussi l’un des trois sauts d’école, le même cavalier et le même musculeux cheval accrochent d’emblée le regard. L’absence de décor et la sobriété efficace du trait y contribuent. De même que le sujet : l’un de ces sauts d’école du Cadre Noir, toujours aussi fascinant à voir : la croupade.
Ce sont les écuyers italiens qui les premiers mettent au point ces sauts impressionnants, afin que leurs chevaux puissent eux-aussi participer aux ballets qui captivent tant les cours princières de la Renaissance. Les écuyers français les découvrent, les ramènent en France. Quelques décennies plus tard (1733), François Robichon de La Guérinière (1688-1751), écuyer ordinaire (c’est-à-dire qu’il servait à temps plein, et non pas par quartier) à du manège des Tuileries, rédige un traité équestre qui aujourd’hui encore fait référence : Ecole de Cavalerie, contenant la connaissance, l’instruction et la conservation du cheval ». Il y codifie les sauts d’école, bien que ceux-ci aient évolué au sein du Cadre Noir à partir de 1847. Seule la cabriole est restée inchangée. De ce fait, elle est identique dans les quatre écoles équestres européennes.
Les sauts d’école, ou « airs relevés », sont au nombre de trois : la croupade, la courbette et la cabriole. Si les deux premiers peuvent être exécutés aussi bien montés qu’« à la main », le dernier n’est pratiqué qu’à la main.
Ces sauts sont issus de la tradition de dressage des chevaux de guerre. Ils permettaient d’en obtenir une soumission parfaite, et une très grande maniabilité, qualités du cheval indispensables au cavalier, au cœur des combats. Ces sauts nécessitent une grande préparation et une précision minutieuse. Ils n’étaient pas destinés à être pratiqués sur les champs de bataille, bien que la tentation en soit forte pour nombre de cavaliers émérites !
Pour exécuter une belle croupade, le cavalier la demande à son cheval. Touché par la cravache, le cheval monte la croupe par une ruade énergique, en s’arc-boutant sur ses antérieurs et en étendant complètement les postérieurs.
Etienne Le Rallic est sans conteste un fin connaisseur de Cadre Noir, il sait que ces sauts d’école, à Saumur, sont exécutés sans étriers. Son cavalier n’est donc pas chaussé. En revanche, il porte, sur sa culotte blanche ses longues bottes à l’écuyère qui depuis peu sont rigides vers le genoux et souples pour le reste de la tige, ainsi que ses éperons dorés. Il ne monte jamais sans ses « gants de Saumur » en daim « de beurre frais ».
Le costume des écuyers du Cadre Noir est caractérisé par sa sévère et sa sobriété : noir galonné d’or. La couleur noire n’est pas la couleur originelle, En effet, au moment de sa création, en 1815, les premiers écuyers recrutés sont tout autant militaires que civils. Souvent d’ailleurs ce sont, pour les militaires, des officiers à la retraite. La couleur de l’uniforme est alors bleu, au demeurant celle de la cavalerie. Progressivement le bleu vire au noir, les écuyers cherchant sans doute à se distinguer de l’encadrement militaire de l’école, vêtu de bleu, mais aussi sans doute un peu à vouloir suivre les costumes noirs lancés par la mode parisienne. Quoiqu’il en soit, en 1898, l’uniforme des cavaliers du Cadre Noir est désormais noir. Si aujourd’hui les écuyers portent plus volontiers le képi (sans doute à l’exception des écuyers féminins : il n’y a pas d’écuyères au Cadre Noir), le chapeau de manège était dans les années 1910, le tricorne de feutre noir.
Notre cavalier porte sur son chapeau de manège, un bicorne baptisé « le lampion », une grenade enflammée, c’est un militaire. Aurait-il été civil, qu’il aurait porté, sur son bicorne, un soleil doré. Pourquoi donc un soleil ?! Pour évoque le rayonnement du Cadre Noir, ainsi que les origines versaillaises de son enseignement.
D’autres détails corroborent l’état militaire de notre écuyer : ses épaulettes dorées et ses médailles. Et si l’on pouvait les distinguer, nous verrions également sur les 9 boutons dorés de sa veste noire reproduite cette grenade enflammée.
En même temps qu’a été adoptée la couleur noire, le galonnage doré l’a également été. Les trois liserés dorés sur la manche de notre cavalier indique qu’il s’agit d’un « maître-écuyer ». Si elle n’avait été pourvue que de deux liserés, nous aurions eu affaire à un écuyer. Le liseré unique indique l’aspirant-écuyer (qui dans l’armée à rang de lieutenant pour le 1er degré et capitaine pour le second degré).
Les origines du Cadre Noir remontent loin. Jusqu’à la Renaissance, le cheval était au guerrier et au chasseur. Même si ces deux activités ne s’éteignent pas loin s’en faut avec le 15ème siècle, le cheval pénètrent les cours royales où il participe, par les parades, à la démonstration de sa grandeur et de sa munificence. Les écuyers français mettent au point de nouvelles techniques de monte, et introduisent même les ballets de chevaux pour les grandes fêtes de Versailles. A la fin du 16ème siècle, Henri IV fonde à Saumur une université protestante doublée d’une académie équestre. En 1763, Louis XV réorganise la cavalerie royale. L’École de Saumur est chargée d’instruire et former les officiers de cavalerie.
Les guerres napoléoniennes ont porté un coup terrible à la cavalerie française. Pour la relever, un manège d’académie est créé, toujours à Saumur, en 1814, à côté du manège militaire. En 1825, l’École royale (Charles X règne) de Cavalerie de Saumur est confirmée. En 1830, l’école de Versailles qui forme les jeunes nobles à leur métier de cavalier, est fermée. Saumur devient donc la seule école où se transmet et s’enseigne l’excellence de la tradition équestre française.
Mais alors, d’où vient le Cadre Noir ? Noir, nous avons vu. Cadre, tout simplement parce que sous Napoléon, le Cadre désignait l’encadrement des troupes. C’est ainsi qu’au début de sa création, les cavaliers de Saumur se désignait sous le terme de « Cadre bleu ». La Grande Guerre marque la mort de la cavalerie militaire française. Désormais, chars et aviation y jouent un rôle prépondérant. Le Cadre Noir s’ouvre aux civils et s’illustre désormais dans les compétions équestres dans les trois grandes disciplines, dressage, saut d’obstacle et concours complet. En 1972, l’École d’Équitation de Saumur passe sous la tutelle du Ministère de la Jeunesse et des Sports, perdant désormais son statut militaire. En reconnaissance de l’art équestre à la française, tout en discrétion, recherche, patience, finesse, élégance, complicité entre le cavalier et le cheval, l’UNESCO inscrit, en 2011, l’équitation de tradition française et le Cadre Noir de Saumur au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Louis CANCE, biographie d’Étienne Le Rallic, HOP no 83, 1999
Jean-Pierre TULOUP, « Une histoire des écuyers du Cadre Noir de Saumur », Editions Grandvaux, 237 pages
Guillaume HENRY, « une histoire de l’équitation française », Editions Belin, Paris 2014, 129 pages
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel