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Sculpteur
Benoît dit Bénédict Rougelet 1834-1894
Au tout début de sa carrière de sculpteur, Benoît Rougelet rencontre Arsène Houssaye, alors inspecteur général des Beaux-Arts. Celui-ci lui avait fait remarquer la banalité de ce prénom de Benoît pour un artiste. Impressionné par cette remarque, le jeune sculpteur décide d'adopter Bénédict comme prénom, et signa toutes ses œuvresde ce prénom qu’il avait fait sien.
Époque
1887
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : env. 30,5 cm
Largeur : env. 13 cm
Ø de terrasse : 12 cm
Poids : 4,6 kg
Signature
Sur le côté gauche de la terrasse.
Signature du fondeur P. Lombard Fres
Cartel d'attribution, a C. Prevost Paris 1887
Matériau
Bronze à patine brune.
GTGBESCRROUGELET
Bourguignon de naissance, Benoît Rougelet naissait à Tournus (Saône-et-Loire) un 17 septembre 1834. Sa mère, Jeanne-Marie Bataillard s'occupait du foyer. Son père, Pierre Rougelet exerçait la profession d'artisan tanneur. Élevé dans la facilité, dans une jovialité toute bourguignonne, le jeune Benoît Rougelet glissa dans l'enfance et l'adolescence avec aisance et gaité, sans jamais en faire plus qu'il n'en fallait. Cette atmosphère chaleureuse de bien-être et d’allégresse perpétuelle influença durablement le caractère du garçon : sa vie durant, il préféra toujours la légèreté et la badinerie, à la rigueur et l'austérité.
Il grandit rue Greuze, dans la maison même du grand peintre. très tôt, il montrait un goût affirmé pour le dessin et le modelage. Ses parents le placèrent donc auprès de Philibert Garnier, un prêtre qui bénéficiait de la protection de la puissante famille tournusienne des Chapuys, ce qui lui permettait d'être déchargé de paroisse. Il avait donc tout le loisir de s’adonner aux arts, et notamment la sculpture dans laquelle il excellait. Il tenait un atelier de dessin et de modelage pour les garçons de la cité, et ce fut ainsi qu’il prit le jeune Benoît sous son aile.
En 1854, une bourse du Conseil général (décernée sous l’influence sans conteste du sénateur Chapuys-Montlaville) lui permet d’intégrer l’atelier d’Auguste Dumont (1801-1884), prix de Rome (en 1823, ex-aequo avec Francisque Duret) et membre de l’institut. En 1862, Benoît qui a désormais adopté le prénom de Bénédict Rougelet rejoignait, à Lyon, l’atelier du statuaire Guillaume Bonnet (1820-1873), lui-aussi premier grand prix de Rome. Les deux sculpteurs collaborèrent à l’ornementation du tombeau du maréchal de Castellane, de la fontaine de la place Morand, ainsi que de la cheminée monumentale de la Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville. Parallèlement, il suit des cours de sculpture chez Joseph-Hugues Fabisch (1812-1886), professeur à l’École des Beaux-Arts de Lyon (qui avait sculpte la Vierge de la basilique Notre-Dame de Fourvière, et celle de Notre-Dame de Lourdes de la grotte de Massabielle).
À l'âge de 28 ans, il décidait que le temps des apprentissages était terminé et quittait avec pertes et fracas l’atelier de Joseph-Hugues Fabisch. Pendant quelques temps, il mena une vie de bohême, travaillant de ci de là, jusqu’à ce que, en 1866, Francisque Duret (1804-1865) lui ouvre les portes de son atelier. Grand Prix de Rome de sculpture (1823), Francisque Duret était un artiste à la réputation bien établie. Dans son atelier se pressaient de nombreux élèves qui mèneront d'illustres carrières tels Jules Dalou ou Jean-Baptiste Carpeaux. Cependant, pas plus chez Francisque Duret que chez ses prédécesseurs, Bénédict ne supportait la contrainte d’un enseignement, la soumission à une règle et une méthode…
Bénédict Rougelet, buste en marbre dû à Pierre Curillon (Tournus 6 mars 1866 - La Jumelière, Anjou, 2 mars 1954)
1868 le voit débuter au Salon des Artistes Français avec un buste en marbre (n°3831) du baron Alceste Chapuis-Montlaville, sénateur impérial, son bienfaiteur. La même année, il réalise une statue en marbre de 2,10 mètres de hauteur, de son compatriote, le peintre Jean-Baptiste Greuze (1725-1805). La municipalité acquérait cette œuvre monumentale et, le 30 août 1868, elle était érigée sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Tournus.
Sa carrière commençait bien, les œuvres se suivaient et s’enchaînaient, récompensées par une certaine notoriété et diverses récompenses, comme une Mention Honorable au salon de 1887, grâce à sa délicieuse statuette en marbre Le Fil rompu révélant une jeune fille assise sur un tabouret, qui renoue le fil de son ouvrage qu’un jeune chat malicieux, jouant à ses pieds, venait de casser. Son Enfant à la Tortue, en terre cuite, sa sculpture en marbre Le Premier Bain, et son buste en terre cuite Le Rieur, lui valent, à l'Exposition Universelle de 1889 une autre Mention Honorable. Le Salon de 1893 où il expose un groupe en plâtre Héro et Léandre, et à celui en marbre Passe-Passe une médaille de Troisième classe en 1893 , ainsi qu’une médaille à l’Exposition de Chicago (en 1890).
Cependant, les critiques égratignaient notre sculpteur, lui reprochant un manque d’implication dans son travail, un choix facile dans ses thèmes. Emmanuel Frémiet, dont l’atelier jouxtait le sien, l’encourageait à se lancer dans des œuvres plus difficiles, plus motivantes aussi.
De belle prestance et de haute stature, affable et jovial, Bénédict Rougelet était d'une fréquentation agréable. Sa santé lui causait quelques soucis : une jambe cassée mal guérie le handicapait gravement, l’empêchant de se déplacer à pied, alors même qu’il souffrait déjà, depuis son plus jeune âge, de très violentes crises rhumatismales.
Reclus dans son atelier, au milieu des fraicheurs de la terre glaise humide qui aggravaient ses maux, il laissait la douleur et l’insatisfaction l’aigrir. Lui autrefois toujours si vif, alerte, enjoué et de bonne humeur s’enfermait dans l’amertume et la désillusion, et ne savait plus ni tirer bénéfice des critiques, ni écouter les conseils de ses amis…
Cela n'empêcha pas qu'en 1873, alors qu'il abordait la quarantaine, il se mariait une première fois. La cinquantaine (1888) lui offrait un second mariage. Mais il n'était que désillusion et aigneur. Sa joie de vivre et son insouciance s'en étaient allées. Son bonheur de modeler, de sculpter avat déserté son cœur. La maladie le tenait avant même la vieillesse. Frappé de paralysie, l’administration des Beaux-Arts le fait hospitaliser au Petit-Ivry, où il décède le 17 juillet 1894, à l’âge de 59 ans.
La carrière de Bénédict Rougelet laisse un goût doux amer. Cet artiste, remarquablement talentueux avait tout pour réussir. Mais son caractère cabochard, indocile et impulsif ne lui en laissa pas la possibilité. Elle pourrait se résumer aux mots du baron Jean Jacques Louis Lombard de Buffières (membre de l’Académie de Mâcon, en 1906) : « Quel dommage que tant d’originalité, de savoir, de goût et de valur soient restés ainsi tristement enlisés ! »
Bénédict Rougelet laisse néanmoins une œuvre agréable qui sut séduire le public, et contribue, encore aujourd’hui, à illustrer la renommée de la sculpture française. « Rougelet est le maître de la grâce, de la douceur sensuelle et du charme subtil. » remarquait Armant Dayot, délégué du ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts lors de l’installation de la plaque commémorative devant la maison d’enfance de l’artiste.
Bénédict Rougelet avait sculpté un groupe de cinq Escrimeurs en bronze, indépendants les uns des autres, dans des attitudes différentes, et dont nous avons ici deux une des cinq attitudes. Les chefs-modèles avaient été réalisés à une date indéterminée de sa carrière, mais en tout état de cause entre 1868 et 1893.
À cette époque, les duels sont interdits (et de toute manière, le pistolet a désormais la préférence des duellistes), et l’escrime transite doucement vers le sport de compétition. Des salles d’armes s’ouvrent, où enseignent des maîtres d’armes militaires.
Les romans de capes et d’épées comme Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier en 1835, Les Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas père ou les romans à succès de Paul Féval, Ponson du Téraill, Michel Zévaco attisent l’engouement vers ce sport.
En 1870, des matinées d’escrime sont organisées à l’Élysée. Maîtres italiens et français s’affrontent dans des matches de gala qui remplissent les théâtres. Le premier tournoi d’escrime français est organisé le 15 janvier 1893, et est inscrite aux premiers Jeux Olympiques de 1896. Quatre pays étaient représentés par treize joueurs.
Dans cet engouement pour ce sport spectaculaire et élégant, les statuettes d’escrimeurs étaient très prisées.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel
Hauteur | 30,5 cm |
Largeur | 13 cm |
Diamètre du socle | 12 cm |
Signature | sur le côté gauche de la terrasse |
Époque | Circa 1868 - 1893 |
Matériau | Bronze à patine brune. |