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Artiste
James Pradier
Genève (Suisse) 1790 – Bougival, 1852
École
École de sculpture française
Époque
1852 pour le chef modèle
Dimensions
Hauteur : env. 26,5 cm
Largeur : env. 12 cm
Longueur : env. 21 cm
Signature
signé : Pradier sculpt.
Matériau
Épreuve en bronze à patine brune, reposant sur un socle rectangulaire à pans coupés sur le devant. Le bronze est complet.
GTGBANGEGARDIENPRADIER
Jean-Jacques PRADIER nait le 23 mai 1790 à Genève dans une famille protestante originaire du Gard, réfugiée en Suisse après la Révocation de l’Édit de Nantes. Développant de réels talents artistiques, ses parents, Jacques Pierre PRADIER et Jeanne Françoise DUNANT le placent chez un bijoutier, où il apprend la gravure sur métaux. Il suit en même des cours à l’École de Dessin de Genève. Il est remarqué par Vivant DENON, alors en mission à Genève. Le savant fait venir le jeune garçon, à Paris. Celui-ci y retrouve son frère aîné, Charles Simon, graveur. Admis dans l’atelier de François GÉRARD (1770-1837), il se forme à la peinture et entre, à l’École des Beaux-Arts où il étudie la sculpture auprès de Frédéric LEMOT (1773-1827). En septembre 1813, il obtient le prix de Rome grâce à son groupe Néoptolème empêchant Philoctète de percer Ulysse de ses flèches. Il réside cinq ans Villa Médicis. Amoureux de la Ville Éternelle, il rêva toujours de s’y installer, et fit deux autres longs séjours en 1823-24 et 1841-42 (avec son élève Eugène Lequesne).
Dès son retour en France, il expose au Salon des Artistes français (1819), et remporte une médaille pour les deux groupes qu’il y présente : Centaur et Bacchante et Nymphe.
Son coup de ciseau très classique le fait grandement apprécier des Bourbons, et des Orléans. Il réalise le buste de Louis XVIII en 1824, et celui de Louis-Philippe en 1834. Il est même pressenti pour réaliser la Jeanne d’Arc que Louis-Philippe veut placer au cœur du Musée qu’il est en train de créer au Château de Versailles. Toutefois, son projet déçoit un peu le roi. C’est finalement la princesse royale Marie d’Orléans qui réalisera une statue toute en douceur et en intériorité. Ce qui n’empêche pas James PRADIER, puisque c’est ainsi qu’il se fait appeler désormais, d’exécuter de très nombreuses commandes pour l’État et la Maison d’Orléans : le gisant du duc Ferdinand d’Orléans pour la chapelle royale de Dreux, le mausolée du duc de Berry pour la cathédrale de Versailles, les Figures de la Renommée de l’Arc de Triomphe, les 12 Victoires (chacune représentant, on s’en doute, une bataille remportée par l’Empereur) qui entourent le tombeau de Napoléon dans la crypte des Invalides, plusieurs statues pour la place de la Concorde…
James Pradier est alors l’une des coqueluches parisiennes. Il fréquente assidument les salons à la mode, et deux fois par semaine, dans son atelier de la rue de l’Abbaye, se retrouvent une bande improbable de peintres, poètes, musiciens, hommes politiques en vogue, écrivains, femmes du monde, demies mondaines, modèles, maitresses passées, actuelles ou futures du sculpteur… Affichant avec ostentation un dandysme raffiné, il discourt avec faconde et grands gestes, éblouissant positivement ceux qui l’écoutent. D’une imagination débordante, il fourmille d’un salmigondis de projets qu’il expose à qui veut l’entendre, mais finalement, n’en mène que peu à terme. Si l’artiste est de talent, l’homme est… plutôt vaniteux, très autocentré, parfois brutal dans ses paroles et souvent d’un cynisme involontaire et abrupt.
James Pradier, Le Magasin Pittoresque 1852, dessin de Chevignaud
Bel homme au charisme certain, James PRADIER collectionne les conquêtes comme d’autres ses sculptures. L’une d’elle, Julienne GAUVAIN a tout juste 19 ans. Elle est ravissante, un teint de lait, de grands yeux innocents, une somptueuse chevelure brune et un corps que James Pradier ne se lasse pas de sculpter. Le 12 novembre 1826 leur naît une fille, Claire. James PRADIER est à la veille d’entrer à l’institut et cet enfant et sa mère l’embarrassent quelque peu. Il expédie le bébé en nourrice et la mère à Bruxelles. La jeune femme revient quelques années plus tard en France, où elle se produit avec succès et talent sur les scènes du théâtre Saint-Martin et celui de l’Odéon, sous le nom de Juliette DROUET. Alors qu’elle interprète le Princesse Negroni, dans Lucrèce Borgia, elle en rencontre l’auteur, Victor HUGO, en février 1833. Leur amour dura 51 ans… Cela pourrait être une autre histoire, mais finalement pas tant que ça, car Victor HUGO occupe une place tout-à-fait paternelle dans la vie de Claire. Son sculpteur de père ne s’est jamais vraiment occupé d’elle, et par intermittence quand il le faisait. Claire meurt à 20 ans et repose au cimetière de Saint-Mandé, où la rejoindra sa mère des années plus tard. Le 27 août 1833 à Paris, il épouse Louise d’ARCET âgée de 19 ans, il en a 43. Ils ont trois enfants, Charlotte, Jean Jacques dit John et Thérèse. Mais « la belle Louise aux cheveux d’or », comme l’appelait Alexandre DUMAS fils, est infidèle, frivole, et prodigue. Le sculpteur obtient grâce à un constat d’adultère la séparation en janvier 1845.
Admis à l’Académie des Beaux-Arts en 1827 où il enseigna jusqu’à sa mort, James PRADIER obtient un poste de professeur à l’École des Beaux-Arts l’année suivante. Cette même année, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur, puis officier en 1834. Le vendredi 5 juin, alors qu’il se promenait du côté de Bougival, dans les Yvelines, en dissertant sur l’art entouré de ses élèves, James PRADIER tombe brutalement sans connaissance. Les premiers soins qui lui sont donnés sont inutiles, le sculpteur venait d’être terrassé par une apoplexie foudroyante, il avait 62 ans… Sculpteur extrêmement prolifique, il laisse quelques 500 sculptures.
James PRADIER est actif entre 1820 et 1852. Durant la majeure partie de sa carrière, il bénéficie de la bienveillance officielle du roi Louis-Philippe et de la reine Marie-Amélie, bien que le peintre et sculpteur Ary Scheffer, professeur de sculpture de la princesse Marie, le déteste cordialement. Il obtient néanmoins de nombreuses commandes pour des statues ou bustes. C’est ainsi qu’il sculpte sur le thème de l’ange gardien, trois groupes dédiés aux Enfants de France.
Le premier, groupe, réalisé en 1841, représente un ange assis, déployant ses ailes, et jouant du luth, un bébé endormi dans son giron.
Le deuxième groupe, exécuté en 1842, figure un ange debout, sans luth, mais protégeant les Enfants de France, le prince Philippe d’Orléans, comte de Paris, né en 1838 et les prince Robert d’Orléans, duc de Chartres, né en 1840. Tous deux étaient les fils du très aimé prince héritier Ferdinand d’Orléans et d’Hélène de Mecklembourg-Schwerin, et donc petits-fils du roi Louis-Philippe.
Le troisième groupe, celui-là même que nous vous présentons, a été sculpté au printemps 1842. Il expose dans la continuité des deux précédents groupes, un ange gardien assis tenant d'une main un luth et protégeant le petit Gaston d’Orléans endormi à ses côtés dans un berceau. En effet, le 28 avril 1842 venait de naître dans le foyer du deuxième fils du roi Louis-Philippe, Louis d’Orléans duc de Nemours et de Victoire de Saxe-Cobourg, un petit garçon, Gaston d’Orléans, comte d’Eu.
Quelques semaines après la réalisation de cette œuvre tutélaire, le 13 juillet 1842, la famille royale est anéantie par la mort dramatique à 32 ans, du prince héritier Ferdinand d’Orléans. Adulé des Français, le jeune prince, courtois, affable, mais rigoureux et déterminé, possédait tous les atouts qui auraient fait de lui un grand roi. Militaire courageux et loyal, doté d’une intelligence politique et de qualités de cœur et d’âme incontestables, il était l’espoir de la Nation. James PRADIER sculptera un émouvant buste du défunt prince héritier, d’après le moulage en plâtre de son masque mortuaire effectué deux jours après son décès.
Mais pour en revenir à notre groupe, admirons la pose abandonnée de l’enfant, ô combien attendrissante, le somptueux drapé de la tunique de l’ange, qui n’est pas sans rappeler les drapés antiques, la pose de l’ange, qui veille à ce que l’enfant soit bien sous la protection de ses ailes déployées. Protégé par cet ange, la vie de Gaston d'Orléans, comte d’Eu fut bien remplie. Après une enfance en exil en Angleterre, il partait pour le Brésil épouser à 22 ans Isabelle de BRAGANCE, fille aînée de l’empereur du Brésil et héritière du trône. Il s'illustre brillamment dans la guerre que remporta le Brésil contre le Paraguay.
Gaston d'Orléans, comte d'Eu
Exerçant la régence à chacun des séjours de son père en Europe, Isabelle de Bragance signe, le 13 mai 1888, la Lei Aurea, qui met fin à l’esclavage. Mais si cette loi lui vaut le surnom de « Redemprice, elle mécontente les oligarchies caféières qui reprennent leur soutien à la famille impériale.
Le baron de COTEGIPE, ministre favorable au maintien de l’esclavage déclare à la princesse : « Votre Altesse a libéré une race mais elle a perdu son trône ». Remarque prémonitoire puisque l’année suivante éclate la révolution. L’empereur Pedro II est renversé. Le comte et la comtesse d’Eu ainsi que leurs trois enfants s’exilent en Europe. Au Portugal d’abord, puis en Normandie où, en 1905, le comte d’Eu rachète à son cousin le château d’Eu. Isabelle de Bragance, comtesse d’Eu s’y éteint en 1921. Voulant se rendre au Brésil pour y célébrer le centenaire de l’indépendance du pays, l’ancienne famille impériale y étant désormais autorisée, Gaston d’Orléans embarque sur le Massalia où il meurt le 28 août 1822 à l’âge de 80 ans, en plein cœur de l’Océan atlantique…
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel
Longueur | env. 21 cm |
Hauteur | env. 26,5 cm |
Largeur | env. 12 cm |
Style - Période | 1842 pour le chef modèle |
Signature | Sur le côté de la terrasse |
Époque | Deuxième moitié du 19ème siècle |
Matériau | bronze à patine brune |