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Sculpteur
Pierre-Louis Détrier
Vougécourt (Haute-Saône) 1822 - Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), 1897
Époque
Présenté au Salon des Artistes français de 1888
Groupe en plâtre, sous le numéro 4431.
École
École française de Sculpture
Dimensions
Hauteur : env. 42 cm
Longueur : env. 34 cm
Largeur : env. 18 cm
Poids : 14,8 kg
Signature
Signé sur le motif, sur un feuillet sortant du carton à dessin sous le chevalet.
Cartouche de titre : Salon 1888, Un Amateur
La sculpture porte, de part et d’autre du cartouche, la dédicace suivante :
Côté gauche du cartouche : Le Colonel de Bange / Construction rue Ste Victoire n°3
Côté droit du cartouche : à J. Leyendecker Architecte / Versailles 1894 - 1895
Matériau
Épreuve en bronze, à patine médaillée
Le bronze est complet.
Légers sauts de patine dans le dos, et sur le coude droit.
GTGBDETRIER
Pierre-Louis DÉTRIER est né à Vougécourt, un petit village de Haute-Saône le 25 juillet 1822. Son père, Nicolas, tisserand, était cultivé. Sa mère, Colette VUILLAUME était la fille d’un cultivateur qui exerçait au sein de l’administration locale la fonction de greffier. Dernier d’une fratrie de 8, il arrive assez tard dans la profession puisqu’il a 44 ans lorsqu’il expose pour la première fois au Salon de 1866.
Les livrets des Salons le disent élève de GAYRARD, sans plus de précision. Fut-il l’élève de Raymond GAYRARD, sculpteur et médailleur ? Mais celui-ci, né en 1777, s’éteint à l’âge de 81 ans en 1858, soit 8 ans avant le premier salon de Pierre-Louis DÉTRIER, mais notre sculpteur a déjà 36 ans.
Peut-être fut-il l’élève de Paul GAYRARD, le fils du précédent ? Mais ce dernier décèdait prématurément à Enghien-les-Bains le 22 juillet 1855, à l'âge de 47 ans, d’une infection des poumons, et donc 11 ans avant le premier salon de Pierre-Louis DÉTRIER ! Notre sculpteur s'est-il formé sur le tard ? Où a-t-il préféré que lui vienne la maturité et la pleine connaissance de son art pour présenter ses oeuvres aux Salons ?
Le mystère demeure entier… Toujours est-il que ses deux premières œuvres exposées au Salon de 1866 (il à alors 44 ans), un portrait de M. G…, buste en plâtre, et une étude de tête en bas-relief, en plâtre également, dénotent d’un grand savoir-faire. D’ailleurs, les critiques le concernant sont toujours élogieuses, même si elles ne vont jamais plus loin.
Il expose régulièrement aux Salons, à 4 exceptions près*, et jusqu’à la veille de sa mort.
Marié à Sophie BOSSUET dont il a deux filles et un fils, il dispose d’un atelier rue de la Folie-Méricourt, tout d’abord au numéro 10, puis ensuite au numéro 64, tandis que le foyer familial se situe au 68 de la rue d’Angoulême.
En 1892, veuf depuis de nombreuses années, ses enfants volant tous de leurs propres ailes, Paul-Louis DÉTRIER déménage atelier et domicile à Montreuil-sous-Bois, au 12 de la rue Baudin, où il s’éteint le 3 février 1897 à l’âge de 75 ans.
Il reste encore beaucoup à découvrir sur ce sculpteur très discret mais au ciseau précis et talentueux, qui produisit beaucoup de bustes et quelques statues chargées d’une grande émotion, comme ses diverses maternités, ou l’Alsace !
* 5, en comptant l'année 1871 où le salon ne se tint pas en raison de la guerre franço-prussienne.
Cette sculpture est très originale, unique même en son genre, par son thème, jamais traité en sculpture. Nombre de tableaux représentent des ateliers de peintres, le Salon même, des cabinets de curiosités avec leurs collectionneurs, le premier du genre étant L’Enseigne de Gersaint, peint par Antoine WATTEAU en 1720. Cependant, jamais la sculpture n’avait représenté ce thème de l’Amateur d’Art, à quelque époque que ce soit, fut-ce celle de Louis XVI.
Présenté une première fois en plâtre, au salon de 1888, sous le numéro 4031, et le sobre titre « un amateur », la statue reçoit un accueil courtois. Émile TASSEL, professeur de géométrie descriptive à l’Université Libre de Bruxelles, et collectionneur d’objets japonais**, acquiert*** le modèle en bronze qui est présenté au salon de 1896, sous le numéro 1399 et le titre désormais définitif « L’Amateur d’Art, Louis XVI ».
Le succès de l’œuvre est immédiat. C’est ainsi que le colonel Charles Ragon de Bange en fait l’acquisition. Depuis quelques années, 1889 très précisément, il s’est retiré des affaires. Après une carrière militaire qui le mène de Polytechnique à la direction de l’atelier de précision du Dépôt Central de Paris qu’il quitte en 1882, commandeur de la Légion d’Honneur. Il y avait conçu des prototypes destinés à moderniser l’artillerie et à remplacer les canons en bronze de 1858 qui se chargeaient par la bouche.
Ces prototypes étaient caractérisés par l’emploi de l’acier dans toutes les constructions, ainsi que la généralisation de la culasse à vis, système qui permettait une ouverture en quelques secondes et donnait une portée de tir de 5 000 mètres à une cadence proche d’un coup par minute.
Le Colonel Charles RAGON de BANGE
Cependant, les pièces d’acier étant plus légères que les canons de bronzes, elles ne pouvaient compenser, par leur inertie, le recul dû à l’amélioration des poudres et des obus. Lors du tir, le canon reculait de près d’un mètre. Il fallait alors le ramener en batterie après chaque coup et reprendre la visée. Divers systèmes furent développés pour remédier à ce défaut, et le système de Bange, qui équipait toute l'artillerie française, mais également celle de la Royal Navy et de l'United States Navy, resta fonctionnel jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, certains canons, en 1939, en étant encore équipés.
Après sa mise à la retraite de l’armée, Charles de Bange prend la direction des Anciens Établissements Cail, qui concevait et commercialisait toutes sortes d’armements.
Après cette petite incartade dans l’univers de l’artillerie, revenons à l’architecte versaillais Jean-Baptiste Leyendecker (1846 – 1913), à qui ce bronze avait été offert par notre artilleur Charles Ragon de Bange, en remerciement à la construction de sa demeure.
Touchante dédicace qui lève un petit coin du voile sur la destinée bien souvent mystérieuse des œuvres d’art…
Ce groupe, raffiné, délicat, tout en subtilité représente un homme penché sur un tableau, la loupe devant l’œil, auscultant la toile avec un intérêt éclairé. Du carton à dessins, coincé entre les pieds du chevalet, dépassent quelques feuillets. L’attitude de l’amateur est bien observée et concentre l’attention de la scène sur le sujet.
Cette composition est aujourd’hui très recherchée des collectionneurs, qui y voient un clin d’œil à leur propre situation.
**En 1878, le Japon qui s’ouvre à l’Occident depuis l’ère Ansei (1854), et au sommet de l’ère Meiji, offre avec munificence les merveilles de son art et de sa civilisation à l’Exposition Universelle de 1878, créant un réel engouement chez les Français et particulièrement chez les collectionneurs. Des collectionneurs fortunés, tels Edmond de GONCOURT (1822-1896), Henri CERNUSCHI (1821-1896), Emile GUIMET (1836-1918) en France, ou Siegried BING (1838-1905) qui était aussi marchand, ou Émile TASSE, en Belgique, entretiennent cet engouement qui ne cesse de grandir en garnissant leurs collections d’estampes, de nutske et toutes sortes d’objets japonais.
***Émile TASSEL avait déjà acquis au salon de 1885, à Pierre-Louis DÉTRIER, le délicat groupe en bronze « Jeune fille au nid ».
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel
Longueur | env. 34 cm |
Hauteur | env. 42 cm |
Largeur | env. 18 cm |
Poids | 14,8 kg |
Signature | sur le motif |
Époque | salon de 1888 pour le modèle en plâtre |
Daté | par dédicace 1894-1895 |
Matériau | bronze à patine médallée Légers sauts de patine sur le coude droit et dans le dos |