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Artiste
Jean Didier Debut
Moulins, 4 juin 1824 – Paris, 5 juillet 1893
École
École française de sculpture
Époque
Circa 1880-1884 pour le chef-modèle
Dimensions
Hauteur : env. 37 cm
Largeur : env. 14 cm
Profondeur : env. 12 cm
Ø Terrasse : 11,5 cm
Poids : 3 477 grammes
Signature
signé sur le motif : D. DEBUT
Matériau
Épreuve en bronze à patine médaillée et rehauts de couleur bordeau.
Fonte d’édition ancienne.
Composé de plusieurs pièces, le bronze est complet (le "bâton" est amovible)
Très bel état de conservation.
GTGBJANISSAIRE
Le 4 juin 1824 naissait Didier DEBUT, à Moulins, dans l’Allier. Son père, le capitaine Claude Blaize DEBUT était alors en garnison au Régiment des Chasseurs à cheval de la Somme. Sa mère, Joséphine RADOT, veuve de Joseph COINCHON élevait les cinq enfants qu’elle avait déjà 5 enfants. Le capitaine DEBUT et Joséphine RADOT n’étaient pas mariés, mais l’enfant fut reconnu par son père.
La famille s’étant fixée à Paris, le jeune Didier entra, à 18 ans, en septembre 1842 à l’École des Beaux-Arts où il suivit les enseignements de DAVID D’ANGERS. Second prix de Rome en 1851, grâce à son bas-relief représentant Les Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle, il exposait déjà au Salon des Artistes Français depuis 1848. Il y présenta ses œuvres avec une grande régularité jusqu’à l’année de sa mort, et en fut récompensé d’une mention honorable.
Très humble, Didier DEBUT, bien qu’il affiche sur toutes ses sculpture « Prix de Rome », était pudique et extrêmement réservé. S’il a réalisé plusieurs oeuvres monumentales dont la célèbre statue colossale de Ledru-Rollin, boulevard Voltaire, qui fit sa renommée, ainsi que celles de la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, le Palais Garnier ou le Tribunal de Commerce de la capitale (seize cariatides d’un mètre quatre-vingt, en 1868), la postérité ne garde que la mémoire de ses petits bronzes d’édition marqués par le courant orientaliste d’alors.
Le 14 juillet 1853, il épousait Louise ROGER, née à Paris le 12 août 1830, dont le frère, Georges ROGER, était architecte de la ville de Paris. Le couple eut une fille, Berthe Antoinette, qui sera institutrice mais mourut à trente ans, et trois fils, Paul qui devint négociant, Marcel qui suivit les traces de son père avec talent, et Antoine, qui fut architecte. Il eut également une fille, née en 1856 de Marie Arthémise BONNARD, et qu’il reconnut.
Il s’éteignait le 5 avril 1893 à l’âge de 69 ans, en son domicile du Quai de Béthune (Paris, 4ème arrondissement), moins de trois mois après son épouse.
Ce thème du janissaire n’a été que peu traité dans la sculpture du 19ème siècle. Pourtant, Didier DEBUT en cisela deux modèles à lui tout seul, différents dans leurs attitudes, mais proches dans leur tenue et leur armement.
Ce janissaire chargeant son tüfek (fusil à silex) est toutefois beaucoup plus rare que son janissaire aux pieds croisés. Sensiblement à la même époque que ceux de Didier DEBUT, dans les années 1880-1884, Émile Coriolan GUILLEMIN réalisa un Janissaire du Sultan Mahmoud II tandis que Félix ZIEM, en voyage à Constantinople, en ramenait quelques évocations comme le Kiosque des Janissaires. Si l’Empire ottoman est, en cette fin de 19ème siècle, en pleine déliquescence, l’Orient ottoman n’en évoque pas moins cet ailleurs sublimé et rêvé, alors très en vogue.
Dans un déhanchement léger, le regard concentré sur sa tâche, le janissaire recharge son tüfek. Le sculpteur a rendu d’une ciselure fine et précise tous les détails ouvragés de ce fusil à silex qui équipe l’armée ottomane depuis le 17ème siècle. À canon d’acier de section octogonale, ce fusil était très long, environ 162 cm, pour un poids d’environ 5 kg. Vêtu d’un large pantalon bouffant, le tçalvar, d’une chemise de drap ouverte sur son torse dans un débraillement assez peu protocolaire, le janissaire est coiffé du turban, astar, surmonté d’un uskiuf, bonnet de feutre. Il arbore un large ceinturon de cuir, dans lequel il a glissé son « bâton » dont il use lors de ses fonctions de sergent de ville. En temps de guerre, le bâton de police est remplacé par le yataghân (un petit sabre à l’efficacité redoutable) et le khandjar (un coutelas puissamment affuté). Cette sculpture très rare et très originale nous raconte une histoire lointaine, à la fois terrible et fascinante.
L’histoire du Corps des Janissaires est étonnante, de ses débuts jusqu’à sa fin. Il apparaît vers 1330, sous le siècle du sultan Orhan Gazi. Cette nouvelle milice, Yeniçeri (terme qui ; déformé, donna janissaire en français) avait un recrutement bien particulier, qui n’était pas forcément volontaire. Le système du pencyek (selon lequel le 5ème de chaque butin de guerre revient au sultan), mais surtout le devchirme (réquisition de main d’œuvre à visée militaire (ou autres), parmi les Chrétiens des Balkans, de Roumélie, d’Anatolie approvisionnaient le Corps des Janissaires. Seuls les plus jeunes enfants étaient requis. Ils étaient ensuite placés, très loin de leur province d’origine, dans des familles de paysans. Ils y apprenaient à la fois la langue et les préceptes de l’Islam. Après plusieurs années, ils étaient admis dans le corps des acemi oglan (littéralement garçons étrangers) pendant encore quelques années avant d’intégrer, enfin, le corps des Janissaires. Au milieu du 16ème siècle, la Sublime Porte comptabilisait 30 000 Janissaires, sous le règne de Soliman le Magnifique, le grand rival de François 1er.
Dans le courant du 17ème siècle, le devchirme est aboli. Cela n’influence pas sur le recrutement puisque depuis longtemps déjà, les Janissaires avaient outrepassé l’interdiction qui leur était faite de se marier et d’avoir des descendants. C’est ainsi que les fils, par une sorte de népotisme naturel, succédaient aux pères et fournissaient désormais l’essentiel du corps. S’y agrégeaient de nombreuses recrues, attirées par le salaire, les avantages et diverses prérogatives liées à la fonction. Ainsi, au début du 19ème siècle, l’armée ottomane comptabilisait quelques 135 000 Janissaires…
Pourtant le déclin des Janissaires, et de l’Empire Ottoman était amorcé depuis un siècle déjà. Les réformes entreprises par la Sublime Porte ne ralentissait pas le mouvement, inexorable. C’était aux Janissaires qu’il était imputé. En effet, ces derniers refusaient opiniâtrement la moindre mutation remettant en cause leur pouvoir et leurs privilèges. Les soulèvements se succèdent, et en 1808, ils obtenaient ainsi le renvoi du grand vizir Bayrakdar dont les projets de restructuration de l’armée visaient à amoindrir leur puissance. Ce coup de force asseyait, à Constantinople leur domination. Devenus incontrôlables, ils rackettaient marchands, boutiquiers, négociants. En 1821, leur incapacité à réduire la révolution grecque, ajoutée à une dernière révolte de trop Mahmud II se prononce alors pour leur élimination totale. Dans de sanglants et terrifiants soubresauts, le 16 juin 1826, les Janissaires étaient massacrés. Ceux qui avaient pu en réchapper étaient impitoyablement pourchassés et exécutés. 30 000 janissaires furent ainsi exterminés. Ce sinistre évènement eut un grand retentissement en France, dont la presse se fit abondamment l’écho. Quelques décennies plus tard, ce corps mythique de la Sublime Porte inspirait toujours les musiciens, écrivains, peintres et sculpteurs français…
Robert MANTRAN, sous la direction
Histoire de l’Empire ottoman
Paris, Fayard 2003, 810 pages
Jean-François SOLNON
L’Empire ottoman et l’Europe XIVème-XXème siècle
Paris, Tempus Perrin, Paris 2017, 864 p.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel
Hauteur | 37 cm env. |
Largeur | 14 cm env. |
Table | (terrasse) 11 X 8,3 cm |
Diamètre du socle | 11,5 cm |
Poids | 3 477 grammes |
Signature | sur le motif : D. Debut |
Époque | Circa 1880-1884 pour le chef-modèle |
Matériau | Bronze à patine médaillée avec rehauts de couleur bordeau Fonte dédition ancienne Bronze complet |