Marabout à Figuig - A. Rey

Alphonse REY était né à Avignon (Vaucluse), le 23 janvier 1865, il rejoignit l’atelier, aux Martigues, de Félix ZIEM (1821-1911). Installé aux Martigues depuis 1860, Félix ZIEM était une exception dans le monde de la peinture. Incessant voyageur, il peignait tout ce que ses yeux voyaient, tant et si bien qu’on estime qu’il laissa à la fin de sa vie plus de 10 000 peintures... Au sommet de sa carrière, Félix ZIEM avait posé ses pénates aux Martigues. Il y accueillait des élèves dans son atelier lumineux. Alphonse REY apprit de lui son traitement de la lumière, tout en sfumato.
Autre originalité de cet artiste fantasque qui enseigna à notre peintre toutes les techniques et les subtilités de la peinture à l'huile et de l'aquarelle, il fut, et est encore à ce jour, le seul artiste à avoir eu l’immense privilège d’entrer, de son vivant, au Musée du Louvre !  Cet évènement exceptionnel arriva en 1910, grâce au leg d’Alfred CHAUCHARD de toutes ses collections au Musée du Louvre. Félix ZIEM ne profita guère de cette gloire sensationnelle, puisqu’il mourut à l’automne suivant…

Provençal dans l’âme, Alphonse REY peignait sa région et la Camargue voisine. Il fut un peintre prolifique, bien que pas autant que son vieux maître, ce qui reste sans doute un record à battre ! Tombé amoureux de l’Algérie où il avait fait un premier voyage suite à une bourse, il y retournait chaque année pour peindre ses paysages ou les ruelles animées d’Alger. Fidèle à son maitre il fut le conservateur du Musée Ziem aux Martigues.

Au crépuscule de sa vie, bien qu’ayant été lui-même un peintre très prolifique, Alphonse REY, bien qu’ayant lui aussi beaucoup peint, était loin du compte !

Il mourut à Nice le 12 octobre 1938.

Peintre de l’Algérie et uniquement de l'Algérie, Alphonse REY fait pourtant, avec cette aquarelle, une incursion au Maroc ! Mais c'est vraiment parce que Figuig se trouve vraiment à un sabot de dromadaire de l’Algérie, pardon, à sept kilomètres de l'Algérie ! Situé dans la partie la plus orientale du Maroc,  Figuig est en réalité un groupe d’oasis et de ksour (ksar, au singulier, village berbère fortifié), sept très exactement, qui, aux confins des hauts plateaux du Djebel Amour, occupaient, avant que ne soient dessinées les frontières actuelles, une position stratégique qui suscitaient toutes les convoitises coloniales. Figuig a de tout temps été l'une des plus belles oasis, la Reine des Oasis du Sud Oranais, comme la qualifiait l’aventurière-écrivaine Isabelle EBERHARDT(1877-1904). Alphonse Rey n’avait pas pu y rencontrer l’étonnante personnalité qui se faisait appeler (entre autres) Si Mahmoud. Car si elle y avait passé avec délice l’hiver 1903-1904, notre peintre lui, y passa plutôt dans les années 1920-1930. Il y admira cependant la même chose qu’Isabelle Eberhardt. Une palmeraie de quelques 300 000 palmiers-dattiers, des vergers d'abricotiers, de pêchers et des poiriers. De verdoyants champs, de alfafa, de blé, de navets, de tomates, d'oignons, d'haricots, ou de piments. Des patures où paissaient chèvres et moutons. Et des séguias et des foggaras qui courraient dans toute l'oasis.

Alphonse REY peignit deux aquarelles de Figuig. L'une représentant l'oasis. Et l'autre, que la Galerie vous présente, une vue non moins marquante de Figuig, l’étonnante silhouette blanche d’un marabout jaillissant de la steppe aride et désertique dans le flamboiement d’un coucher de soleil, alors que la terre palpite encore de la chaleur du jour, et qu’au loin, le muezzin appelle à la prière….