Moutons au pâturage
Charles Émile JACQUE
Peintre
Charles Émile JACQUE
1813-1894
Époque
Circa 1873
École
École de Barbizon
Dimensions à vue
Hauteur : 21,15 cm
Longueur : 27 cm
Dimensions avec cadre
Hauteur : 42,8 cm
Longueur : 47,8 cm
Format
italien
Signature
en bas à gauche
Matériau
Huile sur toile
Cadre
Cadre en bois à motifs dorés
Charles Émile JACQUE, un peintre de la nature et de la lumière
Charles Émile JACQUE voit le jour à Paris, le 23 mai 1813, tout près des Invalides. Son père, Charles Laurent était rentier, et peintre amateur et sa mère, Geneviève Elisabeth MOROT, est issue de la bourgeoisie parisienne. Charles Émile et son frère Léon baignent dès leur plus jeune âge dans ce milieu artistique. Au sortir du collège, il entre chez un notaire, mais en sort bien vite pour se retrouver chez un graveur-géographe à copier des lithographies. Mais au lendemain de la révolution de 1830(1), il s'engage dans le 52ème d'infanterie de ligne, où il effectue un service de sept ans. À ses heures perdues, il croque ces soldats en pantalon rouge et guêtres blanches, et au haut bonnet de police, qu'il a sous les yeux. Il publie un petit recueil plein de verve Histoire de La Rainée, ex-fusilier de l'armée française, depuis son entrée au service et avant jusqu'à sa mort et après, racontée et dessinée par Ch. Jacque, ex-caporal au 52ème de ligne.
C’est ainsi qu’il débute sa carrière d’illustrateur. Il porte ses dessins rue Neuve-Saint-Marc, à l’éditeur-libraire Émile HENRIOT, qui les lui paie un franc la pièce. Mais en réalité, HENRIOT ne règle pas ses dettes avec une grande assiduité, aussi notre jeune dessinateur propose-t-il son travail au Magasin Pittoresque(2) qui, bien que tout récent, connait un grand succès populaire.
En 1836, libéré de son service, il se rend en Angleterre pour une vingtaine de mois, où il illustre une édition de Shakespeare, les contes de Charles Perrault et collabore à divers journaux et revues. De retour en France, il fournit les gravures pour le livre à la mode, Paul et Virginie(3). En mars 1843, il épouse Marie Élisabeth MATHIS dont il a cinq enfants. Leur fille aînée, Marie Joséphine, épousera le peintre et graveur Camille Émile DUFOUR. Leur fils Émile suivra les enseignements de Jean-Léon GÉRÔME et aura une honorable carrière. Quant à leur dernier fils Frédéric lui, se formera dans l’atelier d’Alexandre CABANEL.
En 1845, sa carrière prend un tournant : « l’illustration lui avait donné le pain ; la peinture allait lui donner la gloire.»(4) Il présente ses premières œuvres, des eaux-fortes, au Salon de cette année-là. Les années suivantes, il expose des gravures, et enfin, en 1848, sa première peinture. Il participa avec régularité aux salons. Les récompenses arrivent à partir de 1851, et s’enchainent, autant en gravure qu’en peinture ce qui lui vaut, en 1867, d’être décoré de la Légion d’Honneur. La guerre de 1870 interrompt sa participation aux salons. Il quitte Paris, et s’établit au Croisic, où il achète une maison et des près. Il y installe des moutons, animaux alors rarissimes dans la région. Après une période de 18 ans, il expose à nouveau, une toile magistrale Le Grand Troupeau. L’année suivante, l’Exposition universelle lui décerne la médaille d’or en peinture.
Charles JACQUE s’éteint dans son domicile du 73 Boulevard de Clichy après une très courte maladie, à l'âge de 81 ans.
Comme tous les peintres de l’école de Barbizon, Charles JACQUE travaille d’après nature tant pour ses peintures que pour ses gravures et ses eaux-fortes. De la peinture des moutons et bergerie, il se fait une spécialité. Il produit une œuvre d’un solide réalisme. Observateur attentif et amusé des gallinacés, il a su rendre la nervosité des poules et coqs avec un grand souci d’exactitude. C’est ainsi qu’il rédige et illustre un rare et curieux petit opuscule, « Le poulailler » sur ce thème en 1869. Il se distingue également dans la science de la transparence des ciels, par temps gris comme par temps clairs.
Peintre et aquafortiste de grand talent, Charles JACQUE est une figure marquante de l’école de Barbizon, dont la renommée brille encore aujourd’hui.
NOTES
1/ La Révolution française de 1830, dite aussi révolution de Juillet se déroula à Paris du 27 au 29 juillet 1830
ce qui lui valut également d’être appelée les Trois Glorieuses. Une partie des Parisiens s’étaient soulevés
contre la politique du roi Charles X dans l’espoir que la république soit rétablie, mais l’avènement de Louis-
Philippe, cousin du roi déchu, établit la Monarchie de Juillet.
2 / Le Magasin Pittoresque parut entre 1833 et 1938 Dans les années où Charles Jacque y collabore, il
s’agissait d’un fascicule de huit pages, illustré de gravures sur bois, et à la parution hebdomadaire (soit 416
pages par an).
3/ Paul et Virginie, roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, qui raconte l’enfance et l’amour
naissant de Paul et Virginie dans le cadre paradisiaque de l’île de France (Maurice) avant que le destin ne
les sépare à tout jamais : Virginie se noyant lors du naufrage. Publié pour la première fois en 1788, le romain
connaît un regain d’intérêt dans les années 1830-1850, alors que le romantisme littéraire est à son apogée.
4 / Jules Claretie, in Peintres et sculpteurs contemporains, volume 2, page 303
SOURCES
Dictionnaire général des artistes de l’école français depuis l’origine des arts du dessin jusqu’en 1882
inclusivement.
Emile Bellier de la Chavignerie et Louis Auvray
3 volumes, 1882-1885-1887
Dictionnaire Critique et Documentaire des Peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et
de tous les pays, sous la direction d’Emmanuel Bénézit
Paris, Gründ éditeur, 1924, Tome second, D-K
pp. 698-699 « JACQUES, Charles », article signé par M. Boucheny de Grandval
Lettres autographes composant la collection de M. Alfred Bovet, décrites par Étienne Charavay.Paris,
Librairie Charavay Frères, 1887, 880 pages
Lettre autographe de Charles JACQUE, pp. 604-605
L’œuvre de Ch. Jacque, catalogue de ses eaux-fortes et pointes sèches dressé par Jules Joseph Guiffrey
Paris, Mlle Lemaire éditeur, 1866, 148 pages.
Le Poulailler, Monographie des poules indigènes et exotiques. Aménagement et élevage.
Textes et dessins de Charles JACQUE.
Paris, librairie agricole de la Maison rustique, 4ème édition, 1878
La grande encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société de
savants et de gens de lettres.
Paris, société de la grande encyclopédie, 1886-1902 en 31 volumes
Tome 20 de Heronas à Janicki, tome 20, 1894, pp. 1167-1168
Peintres et sculpteurs contemporains, Jules Clarétie
Deuxième série artiste vivant en 1881
Paris, Librairie des Bibliophiles, 1884, oo. 296-320
Le Paysage français au XIXe siècle, 1824-1874, Pierre Miquel , L’école de la nature - Tome III Maurs-la-Jolie, 1975