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Époque : 1877
Provenance : France
École : École française de Sculpture
Dimensions
Hauteur : 21,5 cm
Largeur : 19 cm
Profondeur : 11 cm
Signature
Sur le côté du pied du berceau : Gve Navlet
Sur la terrasse : Gve Navlet 77
Porte l’inscription par parenthèse 2ème composition
Matériau : Épreuve en terre cuite
GTGBGNAVLETPREFERE
Lorsque Gustave André Pome Navlet naît le 25 avril 1832 à Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne), son père, Jean-Baptiste, est vannier. Son grand-père, Jacques, était également vannier et son arrière-grand-père, Simon, était panetier. Les enfants Navlet sont au nombre de 15, dont 11 parviendront à l’âge adulte. Indéniablement, le gène artistique est dans la famille. En effet, en 1833, le père, Jean-Baptiste quitte son métier de vannier, pour être recruté comme professeur de dessin à l’Institution Gosserez. Dans les années 1840, il publie de nombreux traités et principes de perspectives, dessin linéaire et même des planches d’exercices de dessin d’ornement des lettres de l’alphabet, tout en enseignant à l’Ecole Normale et à l’Ecole supérieure.
L’aîné des fils, Louis Victor (né en 1819) débute sa carrière artistique comme lithographe avant de partir étudier à Amiens puis à Paris où il expose pour la première fois au Salon de 1848. Peintre d’architecture extérieure autant qu’intérieur, il connaît un certain succès qui lui vaut des commandes de l’Etat. Il meurt à Paris, à l’âge de 66 ans (1886).
Le deuxième frère, Joseph (né en 1821), est également peintre. Grâce à une bourse octroyée par le Conseil Municipal de Châlons, il part étudier à Paris dans l’atelier d’Alexandre Abel de Pujol. Point d’architecture pour lui, mais des scènes historiques et de genre qu’il expose chaque année à l’hôtel Drouot. Il meurt à Paris en 1889.
Quant à Gustave, le petit frère, il penche pour la sculpture. Tout petit déjà, il modelait, ce qui ne plaisait guère à son père qui n’aurait pas mal vu d’avoir trois fils dessinateurs ! Mais comme disait Gustave Navlet, il dessinait en sculptant ! Quelques temps emballeur vannier à la Maison de Champagne Jacquesson, il rejoint ses frères à Paris, où, pendant 4 ans, il tente, en vain, de vivre de sa sculpture. De retour à Châlons, il reprend son ancien métier, mais poursuit la sculpture avec passion. Il envoie ses œuvres à la Société académique, ce qui lui vaut quelques médailles, de même qu’au concours régional de Châlons. Son acharnement paie, car il obtient une bourse de la municipalité, et retourne à Paris où il suit les enseignements de sculpteur forézien Jean Bonnassieux (1810-1892), membre de l’Institut, tout en travaillant dans une usine de gaz pour subvenir à ses besoins.
Il n’expose aux Salons que 5 fois, de 1867 à 1870 puis une dernière fois en 1886 où il remporta le 1er prix de figure, avec Le Repos impromptu, au concours général de bronze d’art de Paris.
Il revient dans sa ville natale en 1880 mais s’installe, quelques années plus tard, à Reims où il meurt dans le plus grand dénuement, le 11 février 1915, alors que la ville est dévastée par les bombardements allemands.
Sous un dais de berceau aux drapés élégants dort un adorable petit poupon aux joues rondes coiffés d’un délicat bonnet d’où jaillissent quelques boucles. Il tète goulument son index et son majeur, tient dans son autre main sa poupée. Sa chemise retroussée découvre un petit ventre bien dodu.
Cette exquise petite sculpture révèle tout un monde de douceur et d’innocence que Gustave Navlet a rendu avec grande délicatesse.
Les principales œuvres de Gustave Navlet sont champenoises puisqu’il sculpta dans la craie de nombreuses caves de maisons de Champagne (Jacquesson, Pommery, Champion, Veuve Clicquot, Mercier …).
Passionnée d’art, et dans l’optique d’ennoblir son produit par la beauté, Jeanne Alexandrine Louise Pommery demande à Gustave Navlet de décorer les crayères qu’elle vient d’acquérir pour conserver ses cuvées de Champagne. Ainsi sculpte-t-il, entre 1882 et 1884, à la lueur de la bougie, quatre haut-reliefs monumentaux sur des thèmes bachiques. Hautes de 6 mètres, et parfois sur longues de 15 mètres, ces sculptures sont aujourd’hui inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. En 1889, la Compagnie Continentale Edison électrifie les caves, et les fresques se révèlent dans une atmosphère réellement féérique.
Pour la Maison Mercier, Gustave Navlet réalise, outre des bas et hauts reliefs sur des thèmes allégoriques et tournant autour de la vigne, des vendanges et du vin, les sculptures qui ornent le foudre géant qu’Eugène Mercier avait eu l’idée d’inventer pour permettre des assemblages de différents crus à grande échelle. Commencé en 1870, ce foudre d’une contenance de 1 600 hectolitres (soit 200 000 bouteilles) est prêt pour les vendanges de 1887. Mais c’est l’Exposition Universelle de 1889 qu’Eugène Mercier a en ligne de mire. Ce seront pas moins de 24 bœufs, relayés par 18 chevaux dans les parties difficultueuses, qui amèneront ce foudre de 20 tonnes à Paris sur un chariot équipés de roues spéciales. Arrivé Porte de Pantin, Eugène Mercier doit acheter à prix d’or cinq immeubles qui gênent le passage du convoi, afin de pouvoir les raboter. Même l’enceinte de l’Exposition doit être élargie. Lorsqu’enfin le foudre prend sa place au cœur de l’Exposition, sa seule rivale est … la Tour Eiffel.
Jean-Paul BARBIER ; Philippe PAGNOTTA
Victor et Joseph Navlet, peintres châlonnais au 19ème siècle
Edition Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Châons-en-Champagne, 2009, 148 pages, ill.
Armand BOURGEOIS
Les Beaux-Arts dans le département de la Marne (1798-1898)
In Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, Deuxième Série, 1898-99, pp. 5-68
Martin Frères imprimeurs, Châlons-sur-Marne, 1899
Charles REMY
Une famille d’artistes Châlonnais
Imprimerie Royale de Châlons, Annuaire de la Marne 1887.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel