Le Hameau de la Reine - Z. Baton

Zacharie Baton, peintre de paysages

Zacharie Baton a un célèbre homonyme, aujourd'hui, comme lui, tombé dans l'oubli.
L’un des premiers gardiens de but de l’histoire du football français, Zacharie Baton, était né, comme notre peintre, à Arras. Sans doute étaient-ils de la même famille... Entré à l’Olympique Lillois à 17 ans, de 1903 à 1908, fut 4 fois sélectionné dans l’équipe de France, perdit un bras en 1914, fut renvoyé au front en 1915 pour être fait prisonnier en Bulgarie jusque fin 1918. Il meurt à Paris dans la plus totale solitude, à l’âge de 38 ans, en 1925, miné par la guerre.

Quant à notre peintre, lui,  il est placé très comme apprenti chez un décorateur. Le goût de la peinture lui étant venu, assez tardivement, à l’âge de 29 ans, il s’inscrit à l’Académie Julian.
L’Académie Julian avait été fondée à peine 11 ans plus tôt, par le peintre Rodolphe Julian (1839-1907) dans le but de préparer, par des cours très académiques, ses élèves au concours d’entrée à l’École des Beaux-Arts. Très tôt l’Académie Julian, école privée, avait acquis une grande renommée en raison de la qualité de son enseignement. En effet, ses professeurs exerçaient aussi pour la plupart aux Beaux-Arts. Ils avaient tous obtenus le Prix de Rome, et s’ils ne l’étaient déjà, ils étaient amenés à entrer à L’institut.  
L'Académie Julian  était la seule école de peinture et de sculpture à accueillir les femmes, alors même qu'elles étaient refusées aux Beaux-Arts, et qu'elles le furent jusqu'en 1897.

Zacharie Baton intègra donc les ateliers de Gustave Boulanger et de Jules Lefebvre.
Gustave Boulanger (1824-1888), grand prix de Rome de 1849 était un peintre académique, également professeur à l'École des Beaux-Arts. De ses voyages au Maghreb, il ramena de nombreuses toiles orientalistes. Jules Lefebvre lui, tenait son atelier au 5 de la rue La Bruyère.  Grand Prix de Rome de 1859 (il sera élu membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1891 et en 1895, sera fait Commandeur de la Légion d’Honneur), professeur réputé et fort apprécié de ses étudiants pour sa gentillesse et son empathie aussi bien à l'École des Beaux-Arts qu'à l'Académie Julian, était réputé pour ses nus féminins académiques.  Aucun de ces thèmes n'attirant vraiment Zacharie Baton, celui-ci se laissa convaincre par Georges Colin, un peintre arrageois comme lui, de s’orienter vers la peinture de paysage. C’est ainsi qu’il découvre la Bretagne qu’il peint, surtout l’été. En plus des scènes de paysages, les scènes de genre l’attirent également qu’il restitue avec un coup de pinceau qui s’approche de l’impressionnisme.

Le Hameau de la Reine

Cette belle huile de Zacharie Baton évoque, dans un style très barbizonant, les heures bucoliques que Marie-Antoinette aimait à passer, loin du vrombissement de la cour, des heures paisibles au cours desquelles elle se ressourçait. Construit en 1783 par l’architecte Richard Miquet à la demande de la Reine Marie-Antoinette, les chaumières du hameau du roi, sur le point de s’effondrer, avaient été restaurées par Napoléon 1er, dans les années 1810-12. La Maison de la Reine se reflète dans les eaux calmes de l’étang qu’envahissent les nénuphars. Le cadre, d’époque, très original avec son grand aplat doré cernant une frise végétale, dorée elle aussi, confère à éclairer la peinture et lui donne l’aspect précieux des objets dont Marie-Antoinette aimait à s’entourer.