Un Gaulois ou Vercingetorix - D Debut

Didier Debut, de la sculpture monumentale  aux petits bronzes d’édition orientalistes

C’est à Moulins, dans l’Allier, où son père, le capitaine Claude Blaise Debut (Régiment des Chasseurs à cheval de la Somme) est en garnison, que naît Didier Debut un 4 juin 1824. Il entre en septembre 1842 à l’École des Beaux-Arts et suit les enseignements de David d’Angers. 1851 est l’année où il obtient le second prix de Rome avec un bas-relief représentant es Grecs et les Troyens se disputant le corps de Patrocle, alors qu’il expose déjà au Salon des Artistes Français depuis 1848. Il y présente des œuvres avec une grande régularité jusqu’à l’année de sa mort (1893), et est récompensé d’une mention honorable.

S’il a réalisé plusieurs statues monumentales pour la façade de l’Hôtel de Ville de Paris, le Palais Garnier ou le Tribunal de Commerce de la capitale (16 cariatides d’un mètre quatre-vingt, en 1868), la postérité ne garde que la mémoire de ses petits bronzes d’édition marqués par le courant orientaliste d’alors : la petite fille fellah, exposée au Salon de 1868 ; le marchand d’orange, le porteur d’eau tunisien…

Son fils, Marcel, a suivi les traces de son père. Sculpteur lui aussi, leurs œuvres sont très souvent confondues. Il est pourtant assez simple de les différencier. Le père, Didier, signe d’un simple Debut, et appose sur la base de ses œuvres une plaque où est toujours gravée, au moins, la mention « par Debut Prix de Rome ». Le fils, Marcel, signe ses œuvres de son nom complet « Marcel Debut ».

Le Gaulois, un appel au patriotisme

L’intérêt pour les Gaulois commence à intéresser les érudits du 16ème siècle pour leur passé mythique qu’ils restituent de manière plus ou moins fantaisistes (comme les origines troyennes de la Gaule). La fin du 18ème siècle offre une vision beaucoup plus romantique des Gaulois qui, au 19ème siècle, aboutit à faire des Gaulois les ancêtres par excellence des Français. Tandis que les monarchistes fondent l’origine de la France sur les Francs, les Révolutionnaires, les Républicains, les Bonapartistes leur opposent les Gaulois, à l’antériorité évidente. Le Second Empire, puis la Troisième République exploitent ce thème du Gaulois, ainsi que d’autres, comme celui de Jeanne D’Arc) pour légitimer et assoir leurs régimes. L’image de ce fier guerrier coiffé d’un casque ailé se répand dans les manuels scolaires dès 1870, et se répand dans l’imaginaire collectif par les Images d’Épinal. Il devient le symbole d’un patriotisme populaire ancré dans la société française. Artistes, peintres comme sculpteurs du 19ème siècle s’emparent de ce thème, qui, après la défaire de 1870, devient l’un des symboles de la défense nationale et de la résistance à l’oppression.  C’est dans cette veine patriotique que Didier Debut présente au Salon de 1888, une statuette en plâtre sous le titre de « Gaulois ». Largement éditée en bronze, on peut la retrouver au MUSBA, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Ce fier Gaulois, moustachu, aux longs cheveux nattés portant avec panache son casque ailé, vêtu de braies mais cuirassé et armé se tient fermement campé sur ses jambes, s’appuyant sur une hache dressée, prêt à affronter tout danger qui mettrait en péril les siens.

Le 20ème siècle lui, rend hommage à sa façon à "nos ancêtres les Gaulois",sous les traits du facétieux Astérix et de son irrascible compère Obelix, dont les aventures sont publiées à des millions d’exemplaires …