L'étonnante postérité de Marie d'Orléans et de sa Jeanne d'Arc en prière

La première Jeanne d’Arc sculptée par Marie d’Orléans, Jeanne d’Arc pleurant les blessés sur un champ de bataille, est restée très intime et diffusée essentiellement dans le cercle familial.

Il n’en n’est pas de même de sa seconde Jeanne d’Arc, Jeanne d'Arc en prière,  dont la popularité a été renforcée par l’émotion que la disparition tragique de sa sculptrice a suscitée.

La Fonderie Susse présente, à l’Exposition des Produits de l’Industrie qui s’ouvre le 1^er mai 1839, un modèle en bronze dont le succès sera constant.

La statue est ainsi reproduite à plusieurs centaines d’exemplaires, et son succès ne sera jamais démenti.

En 1840, le roi Louis-Philippe commande au fondeur Louis-Claude-Ferdinand Soyer (1785-1854) et son associé Étienne-Germain Ingé (mort en 1856), une réplique monumentale, en bronze, de cette Jeanne d’Arc en prière.

Il l’offre, l’année suivante, à la ville d’Orléans qu'il souhaitait remercier des regrets si profonds qu’elle avait exprimés après la mort de la princesse.

La statue est placée dans la cour de l’Hôtel Groslot (qui abrite aujourd’hui un musée).

Dans la foulée, le roi en commande une seconde réplique qu’il destine à Domrémy.

Cependant, la reine Marie-Amélie, qui préfère plutôt qu’une réduction prenne place dans la demeure des d’Arc, en suspend l’exécution.

                                                                                                         Marie d'Orléans dans son atelier

                                                                                                                1838 - Ary Scheffer

L’intériorité de cette Jeanne d’Arc, l’audace dont la princesse sculptrice a fait preuve en adoptant une représentation inédite de la Pucelle ont contribué à un succès relayé par la famille d’Orléans et les Orléanistes.

En armure, et cheveux mi longs, Marie d’Orléans n'a pas adopté les caractères qui jusqu'alors, et depuis plus de deux siècles et demi, définissait son sujet :  la coiffe empanachée, la robe et les manches à crevé.

Désormais, peintres et sculpteurs l’adoptent sans concession.

Jehanne la Pucelle, dédicacée à la mémoire de Son Altesse Royale la Princesse Marie d’Orléans par Alexandre Dumas en 1842, assied encore davantage le succès de l’œuvre de la jeune sculptrice.

L’engouement populaire est tel (pour Jeanne d’Arc en général, et cette statue en particulier), qu’elle est éditée également en plâtre, pour des budgets plus serrés.

En 1844, La Manufacture de Sèvres, en édite même un modèle en biscuit (45,5X21X21 cm).