La petite Marie Christine Caroline Adélaïde Françoise Léopoldine d’Orléans naît le vendredi 12 avril 1813 dans la radieuse cité de Palerme.
Bien qu’en exil, elle reçoit dans sa corbeille de naissance le titre de Mademoiselle de Valois.
Son père, Louis-Philippe, duc d’Orléans, descend de Philippe de France duc d’Anjou, fils de Louis XIII et frère de Louis XIV.
Sa mère, Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, est la fille du foi Ferdinand IV des Deux-Siciles, chassé de Naples par Joseph Bonaparte, puis par Murat, quelques années auparavant, en 1806.
Louis-Philippe, roi de France 1830-1848 Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, reine des Français
Huile sur toile - 1841 - Franz Xaver Winterhalter Huile sur toile - 1842 - Franz Xaver Winterhalter
Musée du Château de Versailles
,
Marie passe son enfance à Paris, au Palais-Royal avant que la famille ne reparte en exil et ne s’installe à Twickenham jusqu’en avril 1817.
Se partageant entre le Palais Royal et le château de Neuilly, la famille d’Orléans coule une vie paisible.
Confiée avec sa sœur Louise, d’un an son aînée, à madame de Malet, la jeune Marie reçoit une éducation à la fois très classique et ouverte sur les arts.
Portrait de la Princesse Marie d'Orléans
1837 - Jean-Baptiste Isabey - Musée de Chantilly
Troisième de 10 enfants, elle est vive, enjouée, curieuse et passionnée par le monde de l’Art.
Très tôt, son père la confie, alors qu’elle n’a que 12 ans, au peintre Ary Scheffer (1797-1883).
Cependant, le dessin ne semble pas lui plaire. Ary Scheffer reconnaît lui-même qu'elle n'y est pas très douée.
Marie s'ennuie, et ses leçons sont plus un passe-temps agréable qu'une véritable formation.
Autoportrait d'Ary Scheffer à l'âge de 43 ans, circa 1838
Rijksmuseum
L’année 1832 marque un important tournant dans la vie de la jeune princesse.
Sa tendre Louise, sœur dont elle est très proche, épouse, à Compiègne, le mercredi 9 août, Léopold de Saxe-Cobourg, premier roi de Belgique.
Louise-Marie d'Orléans, reine des Belges
1841 - Franz Xaver Winterhalter
Elle se montre gaie et enjouée lors de festivités du mariage, à la surprise générale. Mais une fois sa sœur partie, elle se fane et entre dans une période de déprime.
Si elle s'était montrée heureuse, c'était pour ne pas rajouter au chagrin de sa soeur de quitter le giron familial, s'épenchera-t-elle plus tard.
Mais la déchirure est bien là, et le chagrin de la séparation immense. Les deux soeurs ne cessent de s'écrire, mais le courrier ne comble pas les manques de l'absence.
D'autant que le dessin ne convient pas Marie. Ary Scheffer l'oriente vers des sujets historiques que Marie colore au lavis.
Elle semble se passionne enfin pour quelque chose. Le maître lui reconnaît un réel talent.
Toutefois, il se tracasse car, selon ses mots "les idées étroites de madame de Malet [la gouvernante de Marie], les craintes de la Reine, et mon respect à moi pour la pudeur de la jeune fille empêchèrent les progrès en de dessin et d'exécution".
Ne se résignant pas à la faire travailler sur des nus, Marie ignore la structure du corps humain et ne progresse pas.
Elle le sent, elle le sait, et recommence à se désespérer et à tourner en rond. Quand Ary Scheffer lui suggère de se lancer dans la sculpture.
Une révélation ! Pour tous les deux !
La voilà qui se jette à corps perdu dans cette activité qui la passionne.
L’Histoire, et la littérature lui servent d’inspiration, de même que la religion, sa foi et sa piété lui offrent les appuis nécessaires pour lutter contre ses langueurs.
Ary Scheffer n'est pas sculpteur, mais stimulé par ce nouveau challenge, il s'investie auprès de la princesse, et les leçons deviennent quotidiennes.
Marie d'Orléans dessinant dans son atelier
par Ary Scheffer
L’année 1834 est celle où se déchire le voile de l’insouciance d’une jeunesse qui n’a jamais connue la douleur de la mort.
Le 16 mai, son petit neveu, Louis-Philippe, le fils aîné de sa chère sœur Louise, s’éteint à l’âge de 10 mois.
L'année suivante, le 25 octobre 1835, c’est madame de Malet, la préceptrice tant aimée, qui s’éteint après qu’elle l’ait admirablement veillée tout le temps de sa maladie.
Plus que jamais Marie peint et sculpte.
Ary Scheffer devient véritablement son mentor. Il la guide, la conseille, lui suggère des lectures, développe son goût de collectionneuse jusqu’au 17 octobre 1837.
Ce jour-là, lundi 17 octobre 1837, à 9 heures du soir, au Grand Trianon, elle épouse au cours d’une double cérémonie religieuse Alexandre de Wurtemberg.
Bien que cousin germain du tsar Alexandre 1er, Alexandre de Wurtemberg est né le 20 décembre 1804 à Riga.
Par son père, le duc Alexandre de Wurtemberg, général et diplomate russe, il appartient à la maison allemande des Wurtemberg.
Par sa mère, Antoinette de Saxe-Cobourg-Saalfeld, il appartient à celle des Saxe-Cobourg, et se trouve être le neveu du roi Léopold 1er de Belgique, ce dernier étant le frère de sa mère.
Il est donc de confession luthérienne, tandis que Marie d'Orléans est catholique.
Alexandre de Wurtemberg
par Franz Xaver Winterhalter
La duchesse de Wurtemberg et son époux s’installent en Allemagne, à Cobourg, puis Gotha pour l’hiver.
La princesse Marie, qui ne goûte guère les fêtes et les bals apprécie la vie tranquille qui s’y déroule.
Quand le jeudi 26 janvier 1838 au petit matin, un incendie se déclare dans la chambre de la princesse. La maison entière brûle.
Les époux perdent tout. Bijoux, meubles, et tous les dessins de Marie, ainsi que ses sculptures.
Abandonnant l'Allemagne, ils décident de s’installer à Neuilly. Marie attend son premier enfant, et souffre d'une toux persistante depuis le refroidissement pris au matin de l’incendie.
Elle donne cependant naissance le 30 juillet à un beau bébé : Philippe.
Marie d'Orléans, duchesse de Wurtemberg, tenant sur ses genoux son fils Philippe dans les langes
1838 - Franz Xaver Winterhalter
Mais Marie ne se remet pas bien de ses couches, et son état se dégrade.
Les médecins lui prescrivent le soleil. Marie, Alexandre et le petit Philippe prennent la route de Gênes.
Le climat de novembre, venteux, de la cité ligurienne ne convient pas à Marie.
Ils se rendent donc en Toscane, à Pise, où le climat est plus doux. Marie n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Louis d'Orléans, duc de Nemours, le frère tant affectionné de Marie se rend à son chevet.
Mardi 2 janvier 1839, la princesse est au plus mal. La toux la déchire et la laisse exsangue. Elle demande une nouvelle fois à se confesser.
Elle reçoit l’extrême-onction, et trouve encore un peu de force en elle pour encourager une fois de plus son mari, à se convertir et élever leur fils dans la foi catholique.
Aux petites heures du soir, elle rend son dernier souffle, veillée par son frère Louis, et son époux.
Fidèle à sa femme jusque dans ses dernière volonté, Alexandre de Wurtemberg se convertira, et éleva son fils dans la foi catholique.
commentaires
Laissez votre commentaire