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Sculpteur
Emmanuel FREMIET 1824-1910
Époque
Présenté au Salon de 1898
Provenance
France
École
École française de sculpture
Dimensions
Hauteur : 39 cm
Largeur : 23,5 cm
Profondeur : 39 cm
Poids : 14,9 kg.
Signature
Sur la terrasse : E. FREMIET
Matériau
Épreuve en bronze à patine noire.
Composé de 8 pièces, le bronze, en excellent état, est complet
Aucun manque.
GTGBFREMIETCOCHER
Si Emmanuel Fremiet n'est plus connu aujourd'hui que de quelques amateurs éclairés, il a été, en son temps, un sculpteur extrêmement réputé.
Sculpteur animalier, il s’est également fait un nom dans la sculpture monumentale. Le Second Empire aussi bien que la IIIème République lui adressent de nombreuses commandes dont la célèbre statue équestre de Jeanne d'Arc de la Place des Pyramides à Paris, ou encore la statue de Ferdinand de Lesseps, inaugurée à Port-Saïd le 17 novembre 1899. Cette dernière, déboulonnée au moment de la Crise de Suez, le 24 décembre 1956, est restaurée par l'Association des Amis du Canal de Suez avant d’être placée sur l'un des quais du chantier naval de Port Fouad, au débouché du Canal dans la Méditerranée, en 1987.
Les talents d’Emmanuel FREMIETne s’arrêtent pas là. Il sculpte avec autant de bonheur que les thèmes animaliers qui lui valent son immense renommée, des thèmes plus militaires. C'est ainsi que Napoléon III lui commande, pour son fils le prince impérial Louis-Napoléon, une suite de 55 statuettes reproduisant les différents uniformes de l'armée. Malheureusement, ces statuettes brulent lors de l'incendie du 23 mai 1871 déclenché par une trentaine de fédérés fanatiques menés par un garçon boucher répondant au nom de BENOT. Trois jours et trois nuits durant, le feu brûle, ravageant les Tuileries. Les statues n’y ont pas résisté … Toutefois, certains moules n’ayant pas été détruits, quelques-unes de ces statues ont pu être retirées.
Sculpteur de l’Histoire, ses sculptures équestres sont un condensé de ses deux passions : l’Histoire et les animaux. Même si les chevaux ne sont pas ses animaux préférés, il est, en ce 19ème siècle, celui qui en sera le plus virtuose sculpteur. Il possède une connaissance parfaite et approfondie de la science du cheval. Si le peintre peut se contenter d’un certain à-peu près dans ses représentations, le sculpteur, lui, ne peut tricher, car il construit une bête entière, sous toutes ses faces, dans toutes ses proportions.
Infatigable observateur de ces animaux très nombreux dans les rues de Paris, la Compagnie des Omnibus lui fournissait une matière première de choix ! Ses quelques 14 000 chevaux offraient à notre artiste tout le loisir de repérer celui qui convenait à son œuvre du moment. Il faisait alors venir l’animal dans le petit atelier de sa maison de Bougival. Il lui y préparait une litière. Soir et matin, il le promenait à la longe. Son épouse, Marie Adélaïde RICOURT, qui n’avait aucunement peur des chevaux et savait naturellement s’imposer à eux avec douceur, gérait sans crainte les plus récalcitrants, allant parfois jusqu’à leur tenir la jambe de devant pour obtenir le mouvement désiré par le sculpteur, le temps de son travail. Pour les jambes arrière, l’opération pouvant se révéler plus dangereuse, il était alors fait appel au maréchal-ferrant. De ces solides chevaux d’omnibus, il en faisait de splendides montures de guerre, à la démarche cadencée, au pas relevé, aux mouvements forts et ordonnés.
Des chevaux d’armes, à la docilité réfléchie, non pas vaincus par la supériorité de l’homme, mais associés à sa supériorité, braves et loyaux, exercés aux dangers des batailles. Ils sont, comme le disait BUFFON, la noble conquête de l’homme, « ce fier et courageux animal qui partage les fatigues de la guerre et la gloire des combats ». Ils sont eux-mêmes un morceau de l’épopée écrite par les guerriers…
Emmanuel FREMIET aime l’inédit dans le choix de ses sujets. Il aime l’effort de la recherche. Il aime l’effort de l’observation. Il aime l’effort du travail. Il aime l’effort pour lui-même, d’où sort une audace, une innovation.
Cette œuvre est une modification d’une sculpture dont Emmanuel FREMIET venait d’achever la commande pour la société des courses de Buenos Aires : le Char romain doublant une borne. Dans cette pièce, le sculpteur a supprimé le char, et le cocher monte à cru l’un des deux chevaux.
Le mouvement contraire des chevaux, la position du cocher monté sur la moins cabrée des montures, donnent à cette sculpture fougue, force et vigueur.
Face au succès remporté par ses sculptures, Emmanuel FREMIET s'associe avec un petit bronzier, More, installé non loin de chez lui. Il édite ainsi ses oeuvres en bronze. Pour les écouler, il ouvre boutique, au 42 de la rue du Temple, à Paris, que tient sa femme, Marie-Adélaïde Ricourt. Emmanuel FREMIET utilise une technique encore assez peu répandue, la technique de la cire perdue, qui offre des bronzes d'une grande qualité.
L'édition en bronze d'oeuvre en plâtre ou en terre devient une industrie dans les années 1830-1840. Il s'agit de reproduire en de multiples exemplaires une oeuvre unique. Le concept est tentant, et les sculpteurs s'y engouffrent. La reproduction d'une oeuvre n'est pas limitée, la seule limite qu'elle ait, est liée au désintérêt du public, mais alors une autre oeuvre prend le relais. L'essor de cette nouvelle industrie est permis par la conjonction de trois évènements :
le perfectionnement d'un système de réduction mécanique des oeuvres, qui permet de passer mécaniquement d'une échelle à l'autre
l'adoption du procédé de la fonte au sable
la mise au point des contrats d'édition entre l'artiste et le fondeur, ou un intermédiaire, non seulement les oeuvres sont reproduites, mais certains artistes acceptent également qu'elles puissent être détournées pour devenir décoration d'horloge, pied de lampe, vase, nécessaire de bureau, et tant d'autres objets.
Les années 1890 mènent à leur apogée Les bronzes d'édition. La Première Guerre Mondiale marquera la fin de cette industrie et de ce style de décoration.
Après sa mort, les droits sur ses oeuvres seront vendus à la très célèbre Fonderie BARBEDIENNE qui poursuivra désormais l'édition des bronzes d'Emmanuel FREMIET.
© Copyright textes et photos : Les Trésors de Gamaliel